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Un bateau à nageoires, une ferme à champignons, des fibres de textile issues du CO2, un booster de réseau communautaire et des formations inclusives…Les Eclaireurs se sont associés avec Bpifrance, la banque public d’investissement pour tous les entrepreneurs, dans le cadre du Big Tour 2021 (du 16 juillet au 20 août) : un évènement hors-norme qui prendra la forme d'une tournée humaine qui a du sens, une tournée de tous les possibles et de la relance visant à redonner confiance en l'avenir. En attendant partons à la découverte de talents qui n’ont pas attendu demain pour innover. Que leurs projets soient techniques, environnementaux ou sociaux, ils portent la marque d’une société qui évolue. Ces cinq entreprises vont assurément vous disrupter la vie.
FinX, le "bateau à nageoires"
Si le nom FinX rappelle celui du géant de la conquête spatiale, SpaceX, mené par le célèbre entrepreneur sud-africain Elon Musk, le but de Harold Guillemin est beaucoup plus terre-à-terre, et ce dernier entend surtout sauver notre belle planète, en s’inspirant notamment des animaux marins. En effet, son bateau à nageoires au concept révolutionnaire enchaîne les premiers prix à de multiples concours ("Prix 10000 startups pour changer le monde", organisé par le journal La Tribune, "Prix Félix 2020" décerné par l'association CentraleSupelec Alumni…) et les collectes de fonds.
Le jeune PDG était encore étudiant en master lorsqu’il a puisé son inspiration dans les nageoires des poissons et autres mammifères marins, afin de développer un moteur de bateau 100% électrique et sans hélice. Le but évident est donc d’offrir un navire moins polluant. Fan de biomimétisme, technique avec laquelle il avait déjà travaillé au sein de l’équipe de Wavera (un fabricant de mélangeurs bio-inspirés), Harold s’est lancé, mi-2019. "12 % des émissions du transport mondial sont imputées au maritime, une révolution est nécessaire", estime-t-il auprès des Échos.
Un premier moteur destiné aux petites embarcations sera commercialisé au courant de cette année, après que FinX a levé 900.000 euros en 2020, et obtenu une subvention de 250 000 euros au concours national iLab, ainsi qu’un prêt de BpiFrance. Bonus non négligeable, Harold s’est offert les services d’un VRP de luxe pour mener à bien sa quête d'une navigation plus propre : le célèbre navigateur Loïck Peyron, qui devrait faire une démonstration dans quelques semaines sur la Seine.
Fairbrics, du textile fabriqué à partir du CO2
Nous suivons de près, sur les Éclaireurs, toutes les innovations ayant trait à l’industrie textile, l’une des plus polluantes du monde. Et les entrepreneurs que nous mettons régulièrement en avant tentent toutes sortes de contournements du circuit classique, pour proposer d’innovants produits. Mais nous n’aurions jamais pensé qu’une start-up serait à même de transformer en fibres… le CO2 lui-même !
Fairbrics a trouvé un moyen de transformer le dioxyde de carbone relâché par les usines en billes de polyester, puis en fils textiles. Comment ça marche ? "Certaines fumées issues des industries sont très concentrées en dioxyde de carbone. Cette pollution, Fairbrics la transforme en richesse, grâce à la technologie développée par Tawfiq Nasr Allah, l’un des cofondateurs de la startup avec Benoît Illy", peut-on lire sur leur site Internet.
"Notre technologie paraît magique, mais en réalité, nous ne faisons que reproduire ce que font les arbres, qui se développent en capturant le C02, transformé par des enzymes en fibres naturelles. Nous réalisons la même chose en laboratoire, en utilisant des catalyseurs dans lesquels nous mélangeons le gaz carbonique avec un solvant, ce qui produit des réactions chimiques générant elles-mêmes les molécules permettant de préparer du polyester." Du génie.
Aujourd’hui, leur méthode intègre jusqu’à 30 % de CO2 "valorisé" dans le polyester et diminue déjà l’empreinte carbone d’un produit final de 50 %. L’ambition de Fairbrics est de rapidement monter en puissance et de construire une ligne pilote, afin de sortir la technologie du laboratoire et des quelques centaines de grammes de billes de polyester produits par jour, pour atteindre plusieurs tonnes par an. Comme FinX, Fairbircs rafle tous les gros prix : lauréat en 2020 du concours de la Fondation H&M, du Global Change Award et des LVMH Innovation Awards. Autant dire que leur start-up est sur le point de décoller dans la stratosphère.
Mycophyto, des "champignons-boucliers" au service d'une meilleure agriculture
Fondée par Justine Lipuma, docteure en microbiologie spécialiste des interactions plantes-microorganismes, et Christine Poncet, ingénieure de recherche INRA spécialiste dans le développement de systèmes agricoles plus durables, Mycophyto (contraction de la racine grecque des mots "champignons" et "plantes") veut croire que "la transition agro-environnementale ne se fera que via l’augmentation et la gestion de la biodiversité naturelle dans un agro-écosystème".
D’où l’idée de développer des Champignons Mycorhiziens Arbusculaires (CMA), qui rendent "plus robustes et résilients les cultures face aux aléas climatiques ou à l’arrivée de bio-agresseurs". Le principe : inoculer des plantes d’intérêts agronomiques et économiques avec ces fameux champignons, pour les rendre plus résistantes.
"Dans le domaine de la mycorhization, nous sommes la seule société qui fonde son business sur le savoir-faire et l’innovation et qui assure son développement technologique et commercial grâce à un système d’information et d’analyse de données interdisciplinaires combinant biotechnologie et Big Data/IA", expliquent les fondatrices. Il s’agit, en des termes plus simples, "de revitaliser les sols avec des micro-organismes exclusivement indigènes".
Docteur en microbiologie, Justine Lipuma a pour objectif de "promouvoir des outils biologiques enfin efficaces pour une agriculture durable, c’est-à-dire sans intrants chimique". Christine Poncet, ex-directrice adjointe de l’Institut Sophia Agrobiotech à l’INRA, est une experte internationalement reconnue des systèmes de production agricoles plus respectueux de l’environnement, "et en particulier de la conception et validation d’alternatives aux pesticides chimiques". Les deux femmes sont à même de changer notre vision de l’agriculture.
Neolink, le réseau collaboratif personnalisé pour les entreprises
"La vocation de Neolink est de conjuguer activité économique et utilité sociale, en proposant à ses clients une plateforme paramétrable. Constituée d’un ensemble de briques ou de modules, elle permet à chacun de constituer son propre réseau collaboratif personnalisé, avec les fonctionnalités désirées, sans passer par le stade d’une création ex-nihilo et par les investissements qui s’y rattachent", explique son fondateur, Akli Brahimi. En résumé, du réseau social "de niche", pour certaines entreprises qui utilisent l’humain comme ressource.
Ainsi, les algorithmes mis au point permettent aux clients de "connaître leurs membres, de favoriser les interactions et les mises en relation, de développer des communautés d’entraide, d’encourager les échanges professionnels de proximité, mais aussi l’expression citoyenne". Avec des valeurs humanistes au cœur du projet, cette solution est utilisable comme réseau social privé ou plateforme de mise en relation.
Un bon exemple d’application est celle de la Caf ou de Pôle Emploi, qui créent en leur sein des sortes de "mini-réseaux sociaux internes" destinés à ses allocataires, afin notamment de les mettre en contact avec des employeurs ou un référent social. "En 2017, Neolink a ainsi réalisé sur ce modèle la plateforme Job41 pour le Conseil départemental du Loir-et-Cher, permettant de rapprocher employeurs et allocataires du RSA, en indiquant toutes les offres de proximité, géolocalisées". Un modèle désormais présent dans 23 départements de France.
"Parallèlement, Neolink développe une plateforme citoyenne pour une grande région française, afin de réconcilier élus et administrés, en donnant la parole à ces derniers", communique-t-on. "Pour développer nos innovations, j’ai pu compter sur l’aide de Bpifrance à mes débuts, dont le prêt de 350 000 euros s’est ajouté aux 750 000 euros que j’avais moi-même mis au capital", conclut Akli Brahimi.
E-mma, l’asso féministe dédiée aux carrières dans l’informatique
Créée en 2013 par des étudiants de l’école Epitech de Nice, E-mma souhaite promouvoir la diversité dans le domaine des nouvelles technologies et du numérique, un milieu marqué par la présence d’une écrasante majorité d’hommes. "En devenant le lien entre les enfants et l’informatique, nous apportons davantage de diversité à cette communauté, un aspect crucial pour le futur", expliquent ses fondateurs.
Les membres de l’association enseignent le code aux garçons et aux filles sans distinction (de 7 à 77 ans), avec l’accent mis sur ces dernières, afin qu’elles ne considèrent pas que ce type de carrières ne sont pas faites pour elles. "Avec notre approche inclusive, nous sommes déterminés à faire augmenter le nombre de femmes dans les filières technologiques."
E-mma a ainsi rassemblé une équipe de 500 développeurs en France et dans plusieurs pays d’Europe, qui se relaient pour offrir formations, ateliers et conférences à des enfants et des adultes. L’équipe a, à ce jour, coaché plus de 20 000 personnes; 60% d’entre elles étaient des filles.
De plus, pendant les confinements, le projet #CodeAtHome, soutenu par Cédric O (secrétaire d'État chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques) et Marlène Schiappa (à l’époque Ministre délégué chargé de l'Égalité entre les femmes et les hommes), a vu le jour. Pendant trois mois, 1270 enfants entre 8 et 16 ans y ont participé.
Le Big Tour 2021 c'est 24 dates du 16 juillet au 20 août sur tous les littoraux français, pour aller à la rencontre des jeunes et des familles sur leurs lieux de vacances et leur redonner confiance en l’avenir. Retrouvez toutes les informations sur cet événement hors-normes juste ici.