2022 M09 19
Le projet a été baptisé « Smart Circular Bridges » et il a effectivement fallu être très smart pour réussir à concevoir un pont aussi résistant que la pierre ou l’acier, mais entièrement construit en fibre de lin. Pas moins de cinq universités, emmenées par la TU Eindhoven, sept entreprises de plusieurs pays et trois communes ont retroussé leurs manches pour relever le défi de ce pont écologique.
Matière ancestrale, matériau d’avenir
Inaugurée le 15 avril dernier à Almere, une ville située à un jet de tulipe d’Amsterdam, cette passerelle de 15 mètres de long et 3 mètres de large est destinée aux piétons et aux vélos. Thibault Roumier, ingénieur chez l’entreprise normande Eco Techni Lin, qui a fabriqué une partie de la fibre de lin, détaille la composition de ce pont :
« 30% de lin et 60% de résine, ou de la colle. La fibre de lin va servir à amener des propriétés mécaniques, de la résistance. C'est presque le même type de fibres que vous retrouverez dans l'habillement, et dans les vêtements qu'on porte tous les jours. »
Le lin et l’éco-construction, c’est déjà une vieille histoire puisqu’il sert pour la fabrication d’isolants, de cloisons, de planchers, de peintures, de meubles, etc. La perspective de pont en fibres végétales permet d’envisager des ponts décarbonés. Pour rappel, le ciment (indispensable à la fabrication de béton) génère 7 % des émissions mondiales de CO2, ce qui en fait « le troisième pays » le plus pollueur après la Chine et les USA.
Want to cross a 'Smart Circular Bridge'? Well, you can in just days! Our researchers are leading a EU project to build sustainable bridges from flax and bio-resin ♻️. Come and see the first bridge in Almere at the @FloriadeExpo!
— TU Eindhoven (@TUeindhoven) April 8, 2022
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Demain c’est lin
Des ponts écolos, les Néerlandais vont en avoir grand besoin, si l’on en croit Thibault Roumier :
« Il y a environ 12 000 ponts aux Pays-Bas. Quasiment la moitié sont en mauvais état et vont être remplacés dans les prochaines années. Ces ponts sont majoritairement faits en béton ou en matière fossile. L'idée de ce projet, ce sont des ponts avec un impact environnemental beaucoup plus réduit en intégrant de la matière naturelle, notamment de la fibre de lin. »
Cultivable localement sans irrigation ni OGM, ne produisant pas de déchet (ce qui ne sert pas à la construction est utilisé pour le textile), le lin est bien le matériau du futur ! Deux autres passerelles ce genre doivent être installée très prochainement à Ulm (Allemagne) et Bergenop Zoom (Pays-Bas).
« Oui, mais est-ce que c’est solide, tout ça ? », vous demandez-vous peut-être. Le matériau a été soumis à une batterie de tests en labo (rigidité, résistance aux UV et à l’humidité, etc.) pour s’assurer de la résistance d’un pont en lin. La passerelle d’Almere est attentivement étudiée par les scientifiques du projet : une centaine de capteurs donnent, en temps réel, les données sur l’état de santé du pont, permettant de s'assurer de sa solidité sur un temps long.
Si vous êtes un peu ingénieur.e dans l’âme ou que vous avez fait Ponts et Chaussées, l’ensemble de ces données demeurent en libre consultation à cette adresse.