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C’est une de ces belles histoires qui réchauffent le cœur en redonnant de l’espoir. Si aujourd’hui Jason Arday est un sociologue respecté, ce Britannique trentenaire a eu une enfance bien singulière. Atteint d’un trouble du spectre autistique, il a grandi avec un retard de développement généralisé qui l’a rendu muet jusqu’à ses 11 ans, préférant utiliser le langage des signes que verbaliser à haute voix, malgré le travail des orthophonistes. Mais Jason n’était pas aveugle au monde qui l’entourait, au contraire.
Sauver le monde ou jouer au rugby
Il raconte à la BBC avoir été particulièrement touché par la libération de prison de l’ancien président Sud-Africain Nelson Mandela, en 1990. Il interroge aussi sa mère sur les phénomènes qu’il ne comprend pas : la guerre, la présence des SDF… A 10 ans, Jason voit la victoire des rugbymen d’Afrique du Sud à la Coupe du monde de 1995 et se promet de « devenir footballeur ou joueur de snooker professionnel » ou, s’il n’y arrive pas, « de sauver le monde ». Tout simplement.
🇬🇧 Lorsqu'il était enfant, Jason Arday avait un retard de développement. Il a appris a parler à l'âge de 11 ans, et à écrire à 18 ans.
— Hopedia (@HopediaFR) March 14, 2023
🎓 À 37 ans, il vient de devenir, en mars, le plus jeune professeur noir de l'université de Cambridge. 👏
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Décidé à faire des études, il se lance. Difficile pour celui qui a grandi dans un quartier défavorisé de Londres, est resté analphabète jusqu’à ses 18 ans et a tardivement appris à lire et à écrire. Mais à force de travail, il décrochera son diplôme d’éducation physique tout en travaillant en alternance dans un supermarché pour financer ses études. Un succès qui ne lui suffira pas, car les questions de son enfance rejaillissent : devenu professeur de sport, il s’interroge sur l’éducation, et ce qui fait que certains élèves réussissent leurs études et d'autres non.
Soutenu par son ami et tuteur à l’université, Sandro Sandri, il se met à étudier la sociologie en plus de son métier avant d’être reçu en 2021 à l’Université de Glasgow où il entre comme professeur de sociologie. Aujourd’hui, Jason Arday vient de commencer à enseigner à Cambridge. Sa spécialité ? L’éducation bien sûr. Et les minorités ethniques.
Ouvrir des portes à celles et ceux qui les trouvent fermées
« Mon travail [d’étude] est principalement axé sur les moyens d’ouvrir les portes à davantage de personnes issues de milieux défavorisés et de démocratiser véritablement l'enseignement supérieur » a décrit Jason Arday au Times. Son parcours mais aussi ses origines sociales et ethniques, son handicap et les efforts qu’il a dû fournir pour pouvoir étudier, lui permettent de considérer autrement les barrières que rencontrent les étudiants.
Vous voulez savoir ce qui doit être fait pour améliorer l’accès à l’éducation et aux hautes études ? Pour le Pr. Arday c’est bien simple : « Si nous voulons rendre l’éducation plus inclusive, les meilleurs outils dont nous disposons sont la solidarité, la compréhension et l’amour ». Et la multiplication de rôles modèles. Celui qui doit son parcours aux figures sud-africaines espère aujourd’hui étendre son exemple au monde entier.
Car en entrant dans la prestigieuse université britannique, Jason Arday est aussi entré dans le cercle encore plus réduit des professeurs noirs. Selon les statistiques, 150 profs d’université sont noirs sur les 23 000 que compte le Royaume-Uni. A Cambridge, on en compterait seulement 5 à son niveau de diplôme... Pour que l'inclusivité fonctionne, les minorités ne doivent plus seulement pouvoir étudier mais elles doivent également pouvoir enseigner.
Crédit photo : Jason Arday (c)
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— Lucy Digest (@LucyDigest) March 16, 2023
I love this from the amazing #jasonarday - who smashed the system and defied all expectations - with a little help from his mum. pic.twitter.com/TcM8pppfsi