2020 M11 3
Premier ambassadeur français des objectifs de développement durable, Energy Observer sensibilise aux solutions innovantes avec son projet Solutions. Cette semaine, celle d'une start-up danoise qui a tout simplement révolutionné les urinoirs, habituellement réservés aux hommes.
L’injonction « Sauver la planète » est souvent synonyme d’enjeux exclusivement climatiques et environnementaux. Pourtant, les objectifs de changements liés au développement durable passent aussi par d’autres combats plus sociaux, comme par exemple l’égalité des sexes ou la lutte contre la précarité. C’est pourquoi le marathon de solutions effectué par le projet français Energy Observer, en partenariat avec le programme Objectifs de Développement Durable de l’ONU, inclut des initiatives issues de domaines aussi variés que l’éducation ou la santé. Pas d’avenir meilleur et plus durable sans s’attaquer « à la pauvreté, aux inégalités, à la prospérité, à la paix et à la justice », affirment les Nations Unies.
Dans sa quête de solutions, l’équipage du navire Energy Observer, lui-même propulsé à l'hydrogène et aux énergies renouvelables, s’est penché sur une start-up danoise dont l’originalité n’a d’égale que la promesse d’un monde plus propre. Dans l’optique de se réapproprier l’espace public, bien souvent pensé par et pour les hommes, Lapee a en effet développé le premier urinoir mobile exclusivement réservé aux femmes. « Les urinoirs publics existent depuis l’Antiquité, mais ils sont pourtant largement destinés à la gent masculine », confie Gina Perier, cofondatrice de la start-up, aux aventuriers de Energy Observer.
Ainsi, on le constate régulièrement en festival, dans la rue, voire même en intérieur (aires d’autoroute, toilettes publiques, restaurants et bars…) : le temps moyen des femmes passé à attendre pour utiliser les toilettes publiques serait neuf fois supérieur à celui des hommes. Vous ne rêvez pas, la file est toujours plus longue côté filles, en partie parce que le mobilier urbain ne répond pas convenablement aux différences anatomiques.
Une prouesse réalisable grâce à l'impression 3D
Aussi fou que cela puisse paraître, les urinoirs « d’extérieur » étaient donc jusqu’ici 100% masculins (ou mixtes, dans les cas de sanisettes mobiles de type festival). Certaines idées prétendument révolutionnaires, sans doute sorties de la tête de porteurs de pénis, préconisaient de faire pipi debout en se munissant par exemple de « pisse-debout » des objets disgracieux et assez peu intuitifs, qu’ils soient en plastique violet ou en papier du plus bel effet. Le nec plus ultra du chic citadin ? Des « ladybags » pour recueillir l’urine et se balader avec. Si si, ils existent, on a vérifié.
Lapee, né de l’imagination de deux étudiants en architecture au Danemark, Gina Perier et Alexander Egebjerg, répond donc à un réel besoin (sans mauvais jeu de mots). La structure rose et empilable en plastique entièrement recyclé figure une sorte de triskel celte vu de dessus, dont les quelques marches et les hautes parois promettent une intimité à toute épreuve, une fois accroupie. Une prouesse réalisable grâce à l'impression 3D.
Caché sous les pieds, un réservoir d’eau de 1100 litres, pour une durée d’utilisation équivalente à 350 passages. Bien sûr, le tout fonctionne sans électricité et sans être raccordé à un système d’égouts.
« L’égalité des sexes est un fondement nécessaire pour l’instauration d’un monde pacifique, prospère et durable. (L'ONU) »
Rééquilibrage des inégalités hommes-femmes
« Le dispositif a d’ores et déjà été adopté dans de nombreux festivals, au Danemark et ailleurs », expliquent les explorateurs du Energy Observer. Aujourd’hui, Lapee est en effet utilisé dans dix pays dont la France, et son utilisation est en progression constante.
« L’égalité des sexes est un fondement nécessaire pour l’instauration d’un monde pacifique, prospère et durable, rappelle l’ONU sur son site dédié aux Objectifs de Développement Durable. Malheureusement, les lois et les normes sociales discriminatoires restent omniprésentes. » À terme, le duo aimerait donc pouvoir exporter son urinoir féminin mobile dans des pays où de mauvaises conditions sanitaires ne permettent pas aux femmes de sentir en sécurité lorsqu'elles vont aux toilettes.
En favorisant la réappropriation de l’espace public par les femmes, Lapee œuvre à son échelle à un rééquilibrage des inégalités hommes-femmes, de plus en plus prégnantes au sein du débat public. Même sur le sujet trivial des toilettes, c’est loin d’être un combat anodin.
Energy Observer est à l’origine le nom du premier navire autonome en énergie à la fois plaidoyer et laboratoire de la transition écologique. Toutes les informations sur le projet sont à découvrir ici.