2020 M12 15
Difficile ne pas se sentir coupable lorsque notre repas à emporter ou nos fruits de supermarchés sont emballés dans des plastiques dont on sait que, même en France où le circuit du recyclage est plutôt vertueux, ils seront mal triés et finiront leur vie dans l’estomac d’un poisson ou sur une route de campagne.
En effet, "environ 500 millions de tonnes de plastique sont produites chaque année, préviennent les explorateurs de la mission française Energy Observer. Près de la moitié est à usage unique. Ce sont vos emballages de sandwiches, de salades, de barquette de fraises. Or, leur composition les rend très difficilement recyclables. Aujourd’hui, moins de 10% du plastique est correctement recyclé." Un fléau.
Afin de créer un emballage alimentaire plus éthique et vraiment biodégradable, une startup allemande répondant au doux nom de Bio-Lutions a expérimenté différentes méthodes avant de réussir à créer des emballages à base de… résidus agricoles (feuilles de cannes à sucre, paille de riz, tiges de banane...) et transformés notamment dans une usine de Bangalore, en Inde. "L’entreprise utilise un procédé mécanique peu onéreux et peu énergivore. Ces nouveaux emballages, 100% naturels, sont biodégradables et compostables", précise Energy Observer.
40 % de la production de plastique finit en usage unique
Bio-Lutions travaille notamment en partenariat avec des agriculteurs locaux. "L’entreprise rachète les résidus de leur production et leur offre ainsi une source de revenus supplémentaire." Pourtant, selon son directeur, Eduardo Gordillo, "le plastique est un bon matériau (…) On l’utilise simplement mal, avec son usage très souvent unique". Il trouve même carrément illogique que la production mondiale de plastique serve dans 40% des cas à fabriquer des emballages qui finiront dans une poubelle au bout de quelques heures/jours/mois.
En faisant travailler des personnes qui, autrement, n’auraient pas de revenus, Bio-Lutions œuvre aussi sur deux plans : environnemental et social. "Nous transformons notre matériel brut en fibres souples via un processus mécanique. Et nous évitons l’utilisation excessive de produits chimiques ou même d’eau lors de la production, des postes à consommations très élevées dans les usines de cellulose – le matériau de base du papier - et de production de plastique (…) Le but est de créer un réseau de production décentralisé avec des usines locales, et une distribution régionalisée."
Plastic is everywhere, even where it is not needed! We have found a way to give agricultural residues a second life by turning them into sustainable packaging and disposable tableware 🍃 #plasticfree #gogreen #biolutions pic.twitter.com/xagXqNtBQu
— BIO-LUTIONS (@BIO_LUTIONS) September 7, 2018
Assiettes, bols ou plats de différentes tailles, emballages de fruits et de légumes qui supportent mal le transport entassés, équipement médical pour les objets à usage unique… les applications sont infinies. Mais ce qui ressemble à de vulgaires boîtes en carton recyclé cachent sous leur apparente banalité un circuit vertueux et complet. Une production entièrement pensée pour l’avenir de la planète, puisqu’elle ne produit rien, ne recycle que des matériaux naturels et termine sa vie au milieu des déchets qu'elle a protègés.
Formule magique ?
Le créneau des emballages recyclés est à la mode. Mais le concept génère souvent des initiatives incomplètes. Au Royaume-Uni, la chaîne de supermarchés Aldi remplacera bientôt les sacs intérieurs de ses boîtes de céréales par une solution recyclable. Total et Yoplait ont récemment mené un test permettant d’utiliser du polystyrène recyclé en guide de pots de yaourt. Bonduelle a annoncé vouloir remplacer les films plastique par des suremballages en carton… Autant de pas dans le bon sens.
Cependant, toutes ces entreprises ne produisent pas elles-mêmes leurs emballages et sont tributaires de solutions durables qui respectent les règles strictes de l’agro-alimentaire. Par ailleurs, elles se servent souvent de matériau existant ayant nécessité une production initiale coûteuse en ressources. Enfin, elles n'assurent pas le "service après-vente" de leurs emballages, même recyclés. Ces derniers ne pourront pas rejoindre le bac du compost ou être recyclés à nouveau. En maîtrisant toute la chaîne de A à Z, Bio-Lutions semble avoir trouvé la formule magique.
Premier ambassadeur français des Objectifs de Développement Durable de l’ONU, la mission Energy Observer sensibilise aux solutions innovantes avec son bien-nommé projet "Solutions". Mais Energy Observer, c’est avant tout le nom du premier navire autonome en énergie, à la fois plaidoyer et laboratoire de la transition écologique. Toutes les informations sur le projet sont à découvrir ici.