Au Sahara, cette tour solaire futuriste éclairera bientôt 1 million de personnes

L’ONU a récemment dressé 17 objectifs de développement durable, couvrant des domaines très variés. Chaque semaine, nous tâchons, grâce à l'ambassadeur français Energy Observer, de mettre en lumière des solutions originales. Cette semaine, cap au Maroc, dans la plus grande centrale solaire au monde.

"Au Maroc, on n’a pas de pétrole, on n’a pas de gaz, on n’a pas de charbon... mais on a du soleil." C’est en adaptant la fameuse phrase de 1976 de Valéry Giscard d’Estaing ("En France, on n'a pas de pétrole mais on a des idées"), que Youssef Stitou, chef de projet, s’amuse à présenter le complexe Noor Ouarzazate, quatre gigantesques centrales solaires fortes d’un million de panneaux, situées dans le désert du Sahara.

Premier projet de ce type élaboré dans le cadre d’une stratégie énergétique visant à porter la part des énergies renouvelables à 50% d’ici 2030 dans le pays, le complexe (le plus grand et le plus puissant du monde) fut inauguré en 2016 par le roi Mohammed VI.

La tour, où se reflètent le soleil capté par tous les panneaux comme des tournesols de métal, produit 580 mégawatts, en mixant photovoltaïque et thermo-solaire. Elle crée de la vapeur d’eau qui actionne des turbines, puis la recycle grâce à des ventilateurs qui la refroidissent, pour ainsi retourner à l’état d’eau. Le but : créer un circuit fermé afin de diminuer au maximum l’utilisation du précieux liquide.

La plus haute tour du continent

"Avec plus de 300 jours de soleil par an, le Maroc est l’un des pays où l’irradiance est la plus importante, constate Energy Observer, équipage français en quête des meilleures solutions de développement durable, actuellement en mission pour l’ONU. Cela en fait un pays plus que propice au développement du solaire."

Mais le royaume voit encore plus grand : le futur projet Noor Midelt I, issu d’un consortium mené par EDF Renouvelables, combinera 1000 mégawatts de photovoltaïque et 600 mégawatts de solaire thermodynamique, soit davantage d’énergie qu’une centrale nucléaire ! Cet autre méga-complexe, dans le centre-est du pays, sera capable de fonctionner jusqu’à cinq heures après le coucher du soleil. Il devrait être inauguré en 2022.

Dans son décor de science-fiction, Noor Ouarzazate et sa tour-fusée font déjà tourner leurs turbines nuit et jour. "Au centre du complexe se dresse la plus haute tour d’Afrique (243 mètres), précisent les aventuriers d’Energy Observer. La chaleur produite permet de chauffer des sels fondus jusqu’à une température de 565 degrés." 760 000 tonnes d’équivalent en CO2 sont ainsi économisés chaque année.

L’Afrique à la pointe de l’énergie solaire

Abou Dhabi, Inde, Californie… Si les plus imposantes centrales solaires du monde sont bien évidemment dans des contrées ensoleillées, on ne pense pas forcément au Maroc ou à l’Afrique quand on pense "panneaux solaires". Pourtant, le continent ne cesse d’investir dans cette énergie propre.

L'Égypte a ainsi lancé en 2017 un immense projet près d'Assouan (Benban), qui comprendra 32 centrales solaires d'une puissance totale de 1800 mégawatts/an. L'Afrique du Sud a déjà de nombreuses et imposantes centrales en fonctionnement, tout comme la Namibie, le Ghana, le Tchad ou encore l’Éthiopie.

Plus largement, la Banque Africaine de Développement a récemment lancé l’opération Desert to Power, qui fournira de l'énergie à 250 millions de personnes dans les onze pays dits de "la bande sahélienne" (du Sénégal à l'Éthiopie), grâce à ce qui devrait devenir le nouveau plus grand projet solaire de la planète.

Moment Wikipédia, pour briller en société : "le Maroc est le seul pays africain disposant d'un câble sous-marin permettant d'échanger de l'électricité avec l'Europe". À terme, vendre une partie de la production devrait donc être possible pour le royaume. Une manne non négligeable, et un beau retournement des habitudes.

Premier ambassadeur français des Objectifs de Développement Durable de l’ONU, la mission Energy Observer sensibilise aux solutions innovantes avec son bien-nommé projet "Solutions". Mais Energy Observer, c’est avant tout le nom du premier navire autonome en énergie, à la fois plaidoyer et laboratoire de la transition écologique. Toutes les informations sur le projet sont à découvrir ici.

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