2021 M06 22
Les ramlis sont des parcelles de sable créées au 17e siècle en Tunisie pour palier au manque d'eau douce et de terres cultivables dans cette région. Elles s'étendent sur environ 200 hectares et sont désormais inscrites au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO.
Le fonctionnement de ces exploitations uniques au monde trouve sa source grâce à son positionnement géographique : entre des collines et des lagunes.
L'eau de pluie qui ruisselle des collines se retrouve ainsi piégée sous les terrains sablonneux entourant les lagunes et flotte au dessus de l'eau salée. Deux fois par jour, la marée repousse cette couche d’eau douce vers la surface du sable où sont plantés les fruits et légumes. Le système des ramlis permet donc de cultiver toute l'année sans irrigation artificielle.
Cette technique permet de produire jusqu'à 20 tonnes de légumes par hectare. Alors que l'agriculture irriguée pompe 80% des ressources hydriques en Tunisie et que le pays fait régulièrement face à des coupures d’électricité, ce modèle est un exemple parfait de culture durable, qui subsiste grâce à la nature.
« L’ONU estime que les besoins en eau douce potable vont augmenter d’au moins 50% dans le monde d’ici 2030. »
Un modèle qui pourrait être dupliqué ailleurs ?
La sécheresse est un phénomène climatique qui devrait s’accentuer un peu partout en Europe dans les années à venir à cause du réchauffement climatique.
En France, nous sortons de 3 étés caniculaires consécutifs (2018, 2019 et 2020) lors desquels nos ressources hydriques ont été mises à contribution. Et cette année, les nappes phréatiques sont déjà à des niveaux très bas alors que l'été n'a officiellement pas démarré.
De manière plus globale, l’ONU estime que les besoins en eau douce potable vont augmenter d’au moins 50% dans le monde d’ici 2030, en particulier pour l’agriculture, qui consomme déjà 70% des ressources mondiales en eau douce potable. Et les solutions pour une agriculture moins consommatrice en eau sont donc nécessaires.
L'agriculture consomme 70% des ressources mondiales en eau douce potable.
À ce sujet, le système tunisien des ramlis est difficilement réplicable ailleurs car il nécessite de réunir plusieurs conditions géographiques, dont la présence de lagunes et de montagnes au même endroit.
Cependant, les solutions pour une agriculture plus économe en eau sont nombreuses. À commencer par des systèmes agroécologiques qui, grâce à la présence d’arbres et de haies bocagères dans les champs, favorisent une meilleure irrigation.
Il y a aussi des solutions de biostimulation qui permettent, en associant des champignons microscopiques à des cultures, d’augmenter le rayon de prospection des racines qui vont donc puiser plus en profondeur l’eau dont elles ont besoin.
On peut aussi citer des solutions connectées qui, grâce à des capteurs et des drones, permettent de n’arroser que les plantes qui en ont vraiment besoin au lieu d’arroser l’intégralité d’une parcelle.
Enfin, une solution particulièrement intéressante consiste à réutiliser les eaux usées traitées pour l’irrigation. Une solution prônée par l’ONU et qui pourrait nous permettre d’économiser cette précieuse ressource en été.