Ces ados qui décident que le smartphone, c'est mort

Cyberharcèlement, isolement, pression constante des réseaux sociaux… Malgré tout cela, nos ados sont accros à leur smartphone. Celles et ceux du Luddit Club ont décidé de dire stop, pour enfin apprendre à déconnecter.
  • Les jeunes de la génération Z (né.e.s entre 1997 et 2010) ont leur portable greffé à la main... et ce ne sont pas les seul.e.s : 60 % de Français.e.s déclarent ne pas pouvoir se passer de leur téléphone. Première génération à être née après l'invention du smartphone, les jeunes d'aujourd'hui voient scroller leurs frères, sœurs et parents depuis toujours. Pourtant, on le sait, la sur-connexion est mauvaise pour la santé.

    L'abus du smartphone est dangereux pour la santé

    En 2017 déjà, le Huffington Post regroupait les résultats de plusieurs études pour créer une infographie édifiante. Les enfants de la génération Z seront deux fois plus sujets aux douleurs dans les doigts et les poignets. Aussi, les jeunes qui passent plus de temps devant un écran qu'à l'extérieur ont des vaisseaux sanguins plus étroits au niveau des yeux. Un phénomène qui les rendrait plus sensibles aux maladies cardiovasculaires à l’âge adulte. Enfin, 84 % des 18-24 ans ont mal au dos à force d’être penché.e.s sur leur portable. Cette posture des temps modernes a même un nom : on l'appelle « l'iposture »

    Le plus effrayant ? Nous exposons nos enfants de plus en plus jeunes aux écrans... D'après un rapport d'Ofcom, régulateur des médias au Royaume-Uni, 16 % des enfants âgés de 3 et 4 ans utiliseraient déjà TikTok. 

    Pas de pitié pour les smartphones

    Et puis il y a l'impact des réseaux sociaux sur notre santé mentale, sujet longtemps tabou, dont on parle enfin aujourd'hui. Nous sommes constamment exposé.e.s à du contenu nouveau, parfois inapproprié, et au prétendu bonheur des autres. Pas facile pour un.e ado en pleine construction de sortir de tout cela indemne... À moins, finalement, d'y renoncer totalement. 

    C'est le choix que Lola Shub, une lycéenne new-yorkaise, a fait en 2020. L'adolescente était une « screenager » (contraction des mots « screen » - écran - et « teenager » - adolescent), a décidé de détruire son smartphone. Une solution radicale pour laquelle plusieurs de ses camarades, dégoûté.e.s par leur téléphone, ont également opté.

    D'ailleurs, le nom du groupe qu'elle a créé, le Luddite Club, vient du luddisme, un mouvement d'artisans anglais du XIXe siècle. Pour s'opposer à la mécanisation et l'industrialisation de leurs métiers, ils sont nombreux à avoir détruit des machines telles que des métiers à tisser. Mais bon, on est quand même au XXIe siècle et les parents de Lola n'ont pas trop apprécié que leur fille soit subitement injoignable.

    Vous avez dit téléphone à clapet ?

    Lola s'est donc procurée un téléphone à clapet et a créé le Luddite Club, en 2021, avec une amie. Il réunit de plus en plus d'adolescent.e.s américain.e.s en quête de déconnexion et de liberté. Hé oui, des jeunes qui ont décidé de dire stop aux smartphones, ça existe ! Au média Insider, Lola explique d'ailleurs :

    « Tous ces moments où j'aurais normalement dégainé mon téléphone par réflexe — dans le métro, la file d'attente des magasins, dans la salle de bain — sont maintenant des moments de silence. Pour certaines personnes, cela pourrait devenir un problème. Ce n'est pas rien, d'être seul avec ses pensées, et je sais que ça peut être dur. Mais c'est aussi une chose vraiment merveilleuse à pratiquer et à apprendre. »

    Le moins que l'on puisse dire, c'est que le téléphone à clapet (dépourvu de connexion internet) est en train de faire un come back remarqué. Fin 2021, le hashtag #flipphone avait cumulé plus de 227 millions de vues sur les réseaux ! La génération Z pourrait bien faire de la « digital détox » une véritable mode. Et après tout, si nos portables pouvaient cesser d'être nos « lieux de vie », comme l'analyse le professeur Daniel Miller, et redevenir de simples outils de communication… ça ne serait pas plus mal, non ?

    Crédit photo Une : Flickr Cindy Shebley.

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