ville sans viande Haywards Heath (cc Paul Gillett / Wiki Commons)

Les 34 000 habitants de cette ville ne mangeront bientôt plus... de viande

En Angleterre, une ville s’est engagée à remplacer les produits animaliers par des substituts végétaux pour réduire son empreinte carbone. Grâce à un traité international, elle est loin d'être la seule. On l'imite ?
  • Renier à jamais burgers, chipolatas et saucisson, cela vous semble délicat ? Retirer encore le lait, les œufs et les gâteaux que l’on fait avec et cela paraît impossible.  Et c’est pourtant ce qu’on attend des habitants d’Haywards Heath. Comme l'a révélé The Independant, cette petite ville de l’ouest de l’Angleterre de 34 000 habitants (à peine la taille d’Épinal), a décidé de se passer de viande partout où cela était possible afin d’inciter ses concitoyens à faire de même.

    Pourquoi ce virage drastique ? Parce qu’elle n’est « pas en mesure de construire de grands parcs solaires ou des éoliennes », explique le communiqué de la municipalité. Mais elle peut avoir le même impact environnemental en agissant sur... son alimentation. Oui oui.

    Adieu veau, vache, cochon

    Première cible de la mairie anglaise, les cantines des écoles et entreprises, accompagnées pour réduire leurs déchets (moins de gâchis = plus de nourriture consommée = moins d’aliments à acheter). Parallèlement, le conseil municipal lance un programme de récompenses pour les associations et entreprises et une campagne de promotion de régimes alimentaires de source végétale (fruits, légumes, légumineux et céréales).

    La ville d’Haywards Heath avait déjà participé au Veganuary – mois de janvier sans viande – qui lui a servi de test avant de se jeter à l’eau. Cet été, elle a décidé de signer le Plant-Based Treaty : un accord calqué sur le traité de non-prolifération des combustibles fossiles, mais visant à réduire la consommation de viande au sein de villes signataires. Maintenant c'est la célèbre ville de Glastonbury qui veut l'imiter...

    Créé en complément des accords de Paris, cet accord tente d’impliquer des maires et chefs d’état, avec le soutien de l’ONU. A ce jour, 17 villes du monde entier (en Floride, en Inde…) ont signé ce traité. La petite Haywards Heath est devenue cet été la première ville d’Europe a rejoindre cette union pour lâcher un peu la patte aux animaux.

    Sauver la planète à coups de roquette

    Vous le savez, le réchauffement climatique découle de nos émissions de gaz à effet de serre, parmi lesquels le dioxyde de carbone et le méthane. Pour préserver notre climat, on pense d’emblée au secteur du transport, responsable de 31 % des émissions en France en 2019 ; alors rappelons qu’avec 19 %, l’agriculture n'est guère plus responsable.

    En cause, le recours massif aux machines agricoles polluantes, la rumination des élevages (qui relâche du méthane), mais aussi la déforestation induite par les cultures et l’élevage. En 2017, on estimait que 75 % des terres dans le monde servait à faire pousser de quoi nourrir le bétail. 

    Les études des experts comme le rapport du GIEC sont formelles : il faut réduire notre consommation de produits d’origine animale (viande, lait…) pour sauver la planète. A l’échelle individuelle mais aussi collectivement. Et c’est ce qu’incite à faire le Plant Based Treaty.

    Sans aller jusqu’à prôner le végétarisme, l’accord vise à réduire la consommation de viande collective. De son côté Greenpeace suggère un quota annuel de 16 kilos de viande par personne (environ 300 grammes par semaine) à condition que celle-ci soit issue d’un élevage écologique, ainsi que 33 litres de lait (500 ml par semaine pour un adulte). 

    Réduire l’exploitation animale prévient aussi les violences animales tandis qu’accroître la consommation végétale participe à développer la biodiversité. Hé oui, souvenez-vous : quand plus personne ne consommait de courge spaghetti ni de pâtisson, on ne trouvait plus de producteur. Maintenant, si : face à la demande, les producteurs s'y sont remis.

    Alors, devrions-nous suivre l’exemple anglais ? Pourquoi pas : en 2021, les Français ont englouti l’équivalent de 5,7 millions de tonnes de viande. Une croissance de 0,7 % par rapport à l’année du confinement. Nul doute que des efforts peuvent être faits pour réduire cette pile de carcasses.

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