fruit rescue

Ces scientifiques cherchent les fruits qui survivront au réchauffement climatique

Pour survivre à la hausse des températures et aux sécheresses, il est urgent de savoir quelles plantes pourront encore être cultivées dans un monde à +1,5 °C. Une généticienne française mène actuellement son enquête.
  • 2023 aura été l’année la plus chaude que le monde ait connu. Mais plus qu’un pic, c’est une tendance de fond qui impacte notre planète, ceux qui y vivent et tout ce qui y pousse. De la même façon qu’on ne peut pas cultiver des tomates en hiver sous nos latitudes, certaines plantes ne pourront pas pousser n’importe où et risquent d’être condamnée si le réchauffement continue à ce rythme. Mais lesquelles ?

    Afin d’assurer notre avenir alimentaire, il est urgent de procéder à un inventaire des fruits, légumes et céréales résistantes au changement climatique, afin que les agriculteurs se préparent à ce changement majeur. Et pour cela, on a besoin de scientifiques.

    Des fruits après l’apocalypse ? Identifier et préserver ces plantes survivors, c’est la mission que s’est fixée Amandine Cornille, chercheuse au CNRS experte en génomique. Après avoir reçu le prix Paoletti 2020 pour ses recherches en biologie, elle a lancé le projet Fruit Rescue qui a commencé sa gigantesque enquête de recensement par les arbres fruitiers (pommiers, abricotiers et pêchers) des zones tempérées d’Europe.

    Pour évaluer la capacité de ces arbres à s’adapter aux conditions climatiques extrêmes, nos chercheurs étudient en particulier l’ADN des ces fruits qui dépend des variétés. Après tout, voilà 1500 ans que l’homme cultive des pommes…


    « Il y a environ 20 000 ans, raconte Amandine Cornille à WeDemain, lors d’un refroidissement climatique, le pommier sauvage européen a migré vers le sud. Et il y a environ 10 000 ans, le réchauffement l’a vu recoloniser le nord de l’Europe. » Cette étude est donc bien un espoir et non une quête désespérée.

    La carte aux trésors des agriculteurs

    Commence alors un long jeu de piste à la poursuite d’espèce anciennes ou méconnues de fruits qui portent peut être les gènes de notre avenir alimentaire. Les scientifiques s’activent de la France à la Roumanie, en passant par la Grèce et l’Allemagne.

    À l’issue de quoi, on pourra obtenir une cartographie des terroirs et un catalogue des essences pouvant y être cultivées. Un sérieux coup de main pour les agriculteurs et la nature. Car l’avenir de notre alimentation dépend aussi de la pollinisation qui est actuellement impactée par ce dérèglement, mettant des variétés entières en péril.

    Le projet Fruit Rescue a été sélectionné par la Fondation BNP Paribas et a reçu le soutien de son programme Climate & Biodiversity Initiative. Après les pommes, pêches et abricots, Fruit Rescue pourra donc se pencher rapidement sur les olives et vignes méditerranéens.

     

    Pourquoi y a-t-il urgence à s’adapter ?

    Avec une température moyenne globale d’1,15 °C au-dessus des niveaux préindustriels la nature a déjà commencé à changer : printemps en avance et automnes allongés dérèglent les croissances. « Vous avez entendu parler des gelées tardives de l’an passé ? demande Amandine Cornille. L’augmentation des températures va impliquer une floraison beaucoup plus précoce et donc des problèmes de production ». À la clé : une chute des récoltes et de la biodiversité.

    Certains terroirs d’Europe ne seront plus cultivables. En Europe de l’Est, des zones agro-climatiques ont déjà migré vers le nord à un rythme de 100 km tous les 10 ans ! Il est donc urgent de s’adapter si nous voulons survivre dans ce monde. Et vous pouvez participer : Amandine Cornille invite celles et ceux qui ont des arbres fruitiers près d’eux à mesurer « leur temps de floraison, de débourrement, leur production » et faire suivre à l’INRAE.

     

    Image à la une : Image générée par l'Intelligence Artificielle

     

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