2022 M10 11
La tradition du Coming Out Day remonte à la seconde « Marche de Washington pour les droits des gays et lesbiennes », le 11 octobre 1987. Depuis, cette date est célébrée chaque année pour donner plus de visibilité aux personnes LGBT. En France, l’association Contact est née en 1993, sous l’impulsion de bénévoles d’Act Up-Paris, afin d’aider les personnes dans leur coming out. L’association a ensuite essaimé en région.
Aujourd’hui, Contact est un réseau de 22 associations implantées dans une majeure partie du territoire et comptant près de 500 adhérent.e.s dont 200 bénévoles. Les actions sont les suivantes :
- Une ligne d’écoute téléphonique pour aborder les différents sujets autour du coming out avec des intervenants formés : 0805 69 64 64
- Des groupes de parole où des personnes LGBT et leur entourage (parents, amis...) peuvent participer, partager leur parcours et ainsi comprendre et casser les stéréotypes.
- Des entretiens avec des psychologues.
- Des interventions dans les collèges et lycées, grâce à un agrément de l’Éducation nationale, pour lutter contre les discriminations envers les personnes LGBT
- L’élaboration et la distribution de brochures pour sensibiliser autour du coming out et favoriser le dialogue.
Pour mieux comprendre les enjeux autour du coming out, nous avons rencontré Antony Debard, porte-parole de Contact Paris Île-de-France.
Faire son coming out en France en 2022, est-ce devenu une évidence ?
Toujours pas, je dirais. On a encore beaucoup de personnes qui viennent nous voir en se posant des questions sur comment faire son coming out auprès des parents. Le coming out, c’est toujours un sujet. Parfois cela se passe bien. Parfois c’est plus compliqué dans les familles.
Quelles sont les différentes situations auxquelles vous êtes confrontés ?
Il y a de tout : des LGBT relativement jeunes qui font des coming out à leurs parents. Des parents qui sont dans une vie hétérosexuelle cisgenre et qui font un coming out à leur conjoint ou conjointe. Ces mêmes parents doivent faire leur coming out à leurs enfants qu’ils ont eu avec leur femme ou leur mari. On a des jeunes qui veulent faire leur coming out au lycée auprès de leurs ami.e.s. On a de plus en plus de personnes qui viennent pour des coming out liés à la transidentité, puisque l’association Contact a jouté le « T » à ses status en 2015 pour accompagner cette évolution.
Est-ce que cela se limite à la sphère familiale ou amicale ?
On discute aussi sur comment vivre son homosexualité ou sa transidentité au travail pour les LGBT ou pour les parents. Car au travail on parle souvent de sa famille. Parfois, il y a ces questions « Comment va ton fils ? » « Est-ce qu’il a une copine ? » Les parents doivent gérer ces questions-là et savoir comment en parler s’ils veulent en parler. On intervient sur le coming out dans sa diversité, dans toutes les situations de vie.
Est-il nécessaire de faire son coming out ?
A l’association Contact, on ne donne pas de conseil s’il faut le faire ou pas. Ce qu’on constate, c’est que cela peut être une libération. Une fois le coming out fait, on n’a plus cette énergie à dépenser pour paraître qui on n’est pas. C’est spécifique à chaque cas. Si on est dans une famille violente et homophobe dans laquelle la personne risque sa vie, bien sûr on ne va pas dire « faites votre coming-out ». Côté transidentité, c’est un peu différent, car il y a tout l’aspect changement d’identité qu'on ne va pas pouvoir cacher tout le temps.
Est-ce le regard de la société a évolué sur le coming out ces dernières années ?
Oui, notamment grâce au mariage pour tous. Depuis ce jour-là, tout le monde sait et connaît les sujets d’homosexualité et de transidentité. Même si la transidentité n’est pas encore assez connue et assez vulgarisée. Plus personne n’ignore qu’il peut y avoir des LGBT dans la société. Chez les jeunes c’est un sujet qui est parfois encore plus banal. On en voit beaucoup plus dans les médias, les films et les séries. Cela participe à l’évolution du regard. Mais il y a encore des difficultés dans l’acceptation. Dans nos interventions dans les milieux scolaires ont peut entendre des choses très violentes. Et il y a eu récemment l’exemple d’une mère qui a essayé de faire boire de la javel à son fils parce qu’il allait sur des sites LGBT. La spécificité de l’hommophobie et de la transphobie c’est qu’elles sont aussi présentes au sein de la famille. Contrairement au racisme ou d’autres sujets où la famille peut être un lieu de réconfort. Pour les LGBT, la famille peut être un lieu d’exclusion.
Comment réussir son coming out ?
Déjà, c’est déjà d’avoir un certain recul sur son histoire à soi et une certaine acceptation de soi-même. Parfois, ça arrive qu'on n’en peut plus, que ça explose et qu’on en parle sans qu’on ait pu se préparer à le faire. Pour réussir son coming out, il faut un peu le préparer. On peut donc venir à l’association pour en discuter !
Site internet de l'association Contact.
Numéro de téléphone (gratuit et confidentiel) à destination des personnes LGBT, parents, famille, ami.e.s et celles et ceux qui sont concernés de près ou de loin, directement ou indirectement, par ces questions : 0805 69 64 64