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Aux États-Unis, la crise sanitaire a accentué la crise du logement : on estime que 5 millions de logements manquent et 20 % des locataires connaissent (ou ont connu en 2021) un retard de paiement de loyer. Mais des millions de propriétaires peinent aussi à rembourser leurs prêts. Le marché immobilier est plus tendu que jamais et certains états dont le Texas ont repris les expulsions des « mauvais payeurs » qu’ils avaient stoppé pendant la pandémie.
🇺🇸😷 Des millions d’Américains risquent d'être expulsés de leur logement, à cause de la crise du #Covid. #USA https://t.co/kKPf8PPtEW
— L'essentiel (@lessentiel) July 31, 2021
Quelles solutions pour endiguer ce phénomène à la fois économique et social ? La création de nouveaux logements, bon marché mais le plus vite possible. Ce pour quoi milite la startup Icon depuis 2018 en proposant de robotiser la promotion immobilière pour accélérer ses bénéfices en gardant des coûts bas.
Le dieu de la forge
En fait, ces Texans ont un argument de taille : Vulcan, une imprimante 3D de 4,70 mètres de haut et plus de 14 de large qui va remplacer les maçons nuit et jour. On lui donne un plan, de l’eau et une sorte de béton en poudre avec lesquels il fera son « encre », et c’est parti. Vulcan fait sortir de terre une petite maison en 24 heures à peine...
Selon Icon, ces constructions coûtent 25 % moins cher à bâtir; et pour cause, peu ou pas de main d’œuvre sur le chantier. Raison pour laquelle elles sont aussi plus rapides à construire.
Après avoir plusieurs fois démontré la fiabilité de leur machine (notamment en construisant en live une maison de 185 m² sous les yeux des festivaliers du dernier SXSW), Icon relève un autre défi : celui d’édifier tout un quartier en moins d’un an en imprimant une centaine de maisons.
Village 3D
D’ici 2023, ce nouveau quartier se dressera près d’Austin, au Texas, non loin des bureaux d’Icon. Mais pour arriver à ses fins, la startup s’est associée à Lennar, l'un des plus grands groupe de construction américain. Le premier se chargera dans les mois à venir d’imprimer les murs porteurs et le second installera les toitures, menuiseries etc. "Les pénuries de main-d'œuvre et de matériaux sont deux des principaux facteurs qui rendent inaccessible le rêve de devenir propriétaire" a déclaré Eric Feder son président.
En même temps qu'il réinvente la façon de construire, Icon souhaite rendre plus vertueux le secteur. Ainsi, les Texans limitent les ressources fossiles pour concevoir leur encre et affirment que leur système réduit les déchets matériaux pendant le chantier, notamment en permettant de se passer de coffrages - ces moulages de béton dans lesquels on injecte traditionnellement le ciment pour bâtir les murs. Cela n’a l’air de rien, mais cela suffit à réduire l’empreinte environnementale du chantier.
De la rue à la Lune
Les travaux démarreront à la mi 2022. Une fois achevés, ils auront tout simplement créé le plus grand quartier imprimé en 3D du monde. Et comme si cela ne lui suffisait pas, le CEO d'Icon, Jason Ballard, a déclaré à l'occasion de son Ted Talk vouloir "mettre un terme à la crise mondiale du logement", en imprimant "1 milliard de maisons" au cours de sa vie. Rien que ça.
“We want better houses and we want more of them all over the world.”
— Bloomberg Quicktake (@Quicktake) March 15, 2022
Meet @ICON3DTech, a 3D printing technology company producing energy efficient homes faster and with less waste than conventional methods #SXSW pic.twitter.com/P3Suo4sU81
Longtemps, cette technologie – la construction additive – était une sorte de performance artistique ou technique, visant à séduire les architectes. Jusqu’ici, elle a servi à bâtir des pavillons uniques (dont celui-ci à Nantes) ; Dubaï y voit une opportunité de bâtir des gratte-ciels en série ; Icon, lui, défend l’idée qu’elle serait parfaitement adaptée à construire des habitations pour une colonie sur Mars ou la Lune. Avec ce projet de quartier pour résoudre la crise du logement, elle prend cette fois la direction d’un service public. On ne peut que s’en réjouir.