2023 M11 13
Plus de la moitié de la population mondiale vit en ville. Quoi de plus normal ? Il est plus facile de loger 4,4 milliards de personnes (sur les 8 milliards d'humains) en immeubles qu’en pavillon de campagne. C’est aussi en ville que se trouvent les infrastructures pour se déplacer massivement et accéder aux équipement nécessaires pour l’éducation ou la santé. Bref, le confort moderne.
Les 130 plus grandes métropoles du monde (incluant Hongkong, Londres, New-York, Paris, Séoul, Singapour et Tokyo) concentrent 12 % de la population mondiale. C’est aussi elles qui produisent l'écrasante majorité du Produit Intérieur Brut (80% du PIB) donc de la richesse mondiale. C’est dire comme les villes sont le fer de lance de nos sociétés capitalistes... Pourtant, les villes concentrent aussi de nombreux problèmes : elles menacent directement l’environnement. Donc, à terme, l’homme.
C’est le professeur d’Études urbaines à l’Université de Lyon Guillaume Faburel qui a synthétisé la question pour The Conversation. Accrochez-vous, le portrait qu’il dresse n’est pas brillant.
Sin Cities
Près de la moitié des émissions urbaines de CO2 dans le monde émane de seulement 25 villes. Les aires urbaines sont responsables de 75 % des gaz à effets de serre (GES) et rejettent de 90 % des polluants atmosphériques. Bien qu’elles ne recouvrent que 2 % de la planète seulement, les villes produisent 70 % des déchets tout en avalant 78 % de l’énergie consommée par l’Humanité.
La proximité inhérente à la densité de population fait que les maladies « de civilisation » (pathologies liées directement au mode de vie, comme l’obésité, les infarctus, le diabète, les troubles psychiques et les maladies dégénératives) explosent dans les grandes villes, causant à elles seules 41 millions de mort chaque année. Et tous ces maux ne devraient pas passer prochainement : partout, la population urbaine ne cesse de grandir à vitesse grand V. Avec un effet immédiat : l’étalement urbain s’accompagne d’une disparition des terres cultivées et végétalisées, nuisant à la biodiversité et accentuant les sécheresses.
En Inde, le nombre d’habitant de Mumbai est ainsi passé de 10 à 20 millions d’habitants en moins de 30 ans. Conséquence de cette surpopulation ? 4 humains sur 10 vivent dans une ville où ils sont confronté à des chaleurs extrêmes trois fois plus souvent qu’il y a 35 ans. Alors on fait quoi ?
Sous le béton, la plage
Au moment où les villes s’échinent à désimperméabiliser pour retrouver un écoulement pluvial naturel et plantent des forêts urbaines pour obtenir des îlots de fraîcheur, on serait tenté de prolonger le trait : faut-il en finir avec les villes et retrouver l’herbe verte de nos campagnes ?
Dans sa publication, le professeur d’études urbaines estime que nos villes doivent s’adapter rapidement pour atteindre la neutralité carbone à horizon de 2050. Elles doivent à cette fin : produire 100 % de l’énergie qui y est consommée (contre 7 à 8 % aujourd’hui) et de façon renouvelable.
Guillaume Faburel: "Pourquoi il est grand temps de quitter les villes" https://t.co/3uu6KXHi4e via @FR_Conversation #climats #indécenceurbaine @Ed_Flammarion
— Caroline Psyroukis (@CaroPsyroukis) February 17, 2023
Nos villes doivent aussi remettre 50 % de leurs terres à un usage vivrier (la production de nourriture pour l'auto-consomation) afin d'assurer la survie de ses habitants ; on estime qu’en cas d’autarcie, l'Île-de-France ne possède que 3 jours de subsistance. En outre, il faudrait que 15 % des espaces à minima soient rendus à la biodiversité, afin de limiter le développement de maladie notamment.
Cela vous semble infaisable ? Guillaume Faburel le pense aussi, c’est pourquoi il suggère de retourner vivre à la campagne et dans les lieux intermédiaires. Après tout, le numérique, qui offre travail en visio et divertissement en streaming, comme celle des mobilités larges, le permet et les mobilités sont nombreuses aujourd'hui. D’autant que « près de trois millions sont vacants dans les périphéries » rappelle l’urbaniste. Les néo-ruraux, permaculteurs et autres parisiens partis monter leur maison en A pendant le covid avaient raison en fin de compte...