eoliennes (cc pixabay)

Deux fois plus d'électricité verte avec autant d'éoliennes : connaissez-vous le "repowering" ?

Plutôt que d’attendre l’implantation de nouvelles éoliennes, on peut rendre celles déjà en place plus performantes et augmenter de 120 % leur production d’énergie.
  • Inauguré en septembre, le parc éolien de Saint-Nazaire a déjà fait pas mal de remous. Il a beau être situé à 12 kilomètres de la côte, on distingue bien ses 80 mâts de 200 mètres de haut depuis la presqu’île du Croisic. Comme souvent, cette vision a fait grincer quelques dents.

    L’aspect visuel reste le principal argument de nombreux opposants « qui trouvent que l’éolien, c’est moche ou nul et que ça gâche le paysage » comme le décrit au Monde Jérémy Simon, du Syndicat des énergies renouvelables. Une difficulté que l’on peut éviter de rencontrer grâce au repowering, procédé qui ne nécessite pas de raccorder de nouvelles éoliennes mais produit plus d’énergie renouvelable avec le parc éolien existant.

    Comment faire plus avec moins ?

    Une éolienne est prévue pour fonctionner entre 20 et 30 ans ; période durant laquelle l'innovation technologique progresse dans bien des domaines : puissance, facilité de la maintenance, bruit, durée de vie… Le repowering, c’est donc le démantèlement d’un parc pour en remplacer les éléments qui peuvent le rendre plus performant. 

    Un exemple concret se trouve dans la ville d’Eckolstädt en Allemagne. En 2018, EDF y a démantelé un parc de 11 éoliennes installé en 1999.

    parc eolien allemagne

    Sa puissance à l’origine était de 14,5 MW ; 10 turbines ont été remplacées et 1 carrément supprimée. Pourtant la puissance du parc est aujourd’hui passé... à 34,5 MW. Le parc fournit chaque année l’électricité consommée par 18 500 foyers. Pas mal, non ?

    Selon le fournisseur d’énergie verte Ilek, en moyenne le repowering d’un parc éolien lui confère 123 % de puissance en plus. Du simple au double donc. Sur certaines installations, le gain peut même quadrupler. Dans l'Aude, le parc éolien de Port-la-Nouvelle a été démonté en 2019, 26 ans après son raccordement. Ses éoliennes remplacées, sa produit a bondit de 340% selon France Energie Éolienne.

    Faire mieux avec moins

    Faisons le compte. La France dispose de 9000 éoliennes installées, un parc globale de 19 GW prodiguant environ 36,8 TWh sans émettre de carbone ni de particules. Mais ces installations datent pour la majorité du début des années 2000 (même si l’installation de la première turbine française s’est faite en 1991).

    En deux décennies, les progrès ont été vertigineux. Alors, en remplaçant les turbines d’hier, la France pourrait espérer produire 80 TWh de plus sans ouvrir de nouveaux parc. Sans préempter de nouvelles terres ; sans réaliser de coûteux travaux de raccordement ; sans conduire de nouvelles études de faisabilité ni devoir attendre le rejet (dans 8 cas sur 10) des recours d’associations anti-éoliennes… 

    L’autre avantage du repowering, c’est qu’il rallonge la durée de vie des parcs éoliens en les rajeunissant. C’est aussi l’occasion de constater des dysfonctionnement et maintenance nécessaire sans attendre la fin de son cycle de vie et limiter les risques de panne.

    Reste un défaut de l’éolien : les pales sont encore difficile à recycler. Les centaines de tonnes de béton et d’acier qui les portent participent lourdement aux émissions de carbone lors de leur fabrication, mais sont heureusement aisément traitées en fin de vie et recyclées. Il faut aussi rappeler que toute nouvelle turbine signifie de nouveaux matériaux pour les construire.

    Deux raisons de développer au plus vite une filière de revalorisation française. A moins que  préfériez attendre l’arrivée de pales recyclables comme celles développées par ces Américains qui veulent en faire… des bonbons ? Allez savoir qui est le plus dans le vent.