Du jus de raisin pour les voitures de course

Introduit aux 24 Heures du Mans (11/12 juin), un carburant à base de raisin permet une réduction d’au moins 65 % des émissions de CO2. Sans être parfaitement écologique, il est 100 % renouvelable car il ne nécessitera aucune énergie fossile pour être produit. Un premier pas vers la neutralité carbone d’un sport souvent montré du doigt par les écologistes.
  • Concilier sport automobile et développement durable peut paraitre utopique, pourtant depuis quelques années les constructeurs, les équipementiers et les groupes pétroliers multiplient les projets innovants. Exemples de solutions pour moins polluer : l’existence depuis 8 ans du championnat du monde de Formule E (formule 1 électrique), la production de moteurs hybrides pour l’endurance (1ère victoire en 2012 aux 24h du Mans) ou la mise au point de pneumatiques durables par Michelin. La recherche autour des carburants propres n’est pas en reste. TotalEnergies s’est lancé dans la course et ouvre cette année un nouveau chapitre de la transition énergétique en endurance.

    Avant l’arrivée d’un véhicule propulsé à l’hydrogène en 2025, le circuit Bugatti va voir dès cette année tourner des voitures fonctionnant à l’Excellium Racing 100. Un carburant 100 % renouvelable fabriqué avec des matières organiques. Un procédé bien connu, la biomasse, qui transforme la matière organique d'origine végétale ou animale en énergie. La matière première choisie cette fois est issue de résidus de raisin de l’agriculture viticole française, associés à de l’ETBE (un additif à base d’éthanol), produit à la raffinerie de Feyzin (Rhône) grâce à des matières premières issues également de l’économie circulaire.

    Ce carburant, nouvelle génération, devrait permettre une réduction immédiate d'au moins 65% des émissions de CO2 des 62 voitures engagées aux 24 Heures. La Fédération internationale de l'automobile (FIA) précise qu’elle pousse les grands championnats à adopter les uns après les autres des carburants dits « durables » ou « renouvelables ». Au total 280 000 litres seront distribués cette année au Championnat du Monde d’Endurance (WEC). Ce « jus de raisin » a déjà été utilisé aux États-Unis, à l’occasion des 12 heures de Sebring, première manche du championnat. Les organisateurs du Mans y voit également une solution alternative permettant de conserver les moteurs à combustion comme l'explique Pierre Fillon, président de l’Automobile club Ouest :

    « Depuis 1923, les 24 Heures du Mans se sont toujours imposées comme étant un laboratoire d’innovations. Ce nouveau carburant 100 % renouvelable démontre tout notre engagement. Sur le thème du développement durable, nous ferons en sorte d’être encore une fois au rendez-vous afin de répondre à notre promesse : être acteur de la mobilité durable. »

    Alors que la flambée des prix de l’essence pousse de plus en plus d’automobilistes à se convertir au bioéthanol, deux fois moins cher que le sans plomb (0,90 € le litre en moyenne), le monde de la course automobile s’y met aussi. Mais ne cherchez pas d’Excellium Racing 100 à la station-service du coin. Il a été spécialement conçu pour la course d’endurance. De toute façon, à 7 € le litre, son prix est totalement dissuasif et ce n’est pas le but. Le but, c’est de se servir du monde de la compétition comme laboratoire pour développer les carburants que nous utiliserons dans le futur... ou pas ? L’accord de Paris sur le climat de 2015 prévoit l’arrêt définitif de la commercialisation de voitures à moteurs thermiques pour 2040 et la fin de ces véhicules dans les centres villes pour 2030.

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