2021 M02 2
Quand on pense "intégration" des immigrés dans un pays donné, on pense tout de suite à la langue et au travail. C’est aussi et surtout parce que la France met en priorité l’accent sur ces deux aspects dans son fameux Contrat d’Intégration Républicaine. Laïcité oblige, les limites de la religion sont également souvent mises en avant dans notre pays : il n’y a qu’à voir la tension des débats qui sous-tendent le projet de loi sur le séparatisme, actuellement en discussion.
Mais faire partie intégrante d’un pays passe aussi par l’adoption d’us et coutumes toutes simples qui changeront votre vie au quotidien. En France, on imagine volontiers que faire partie d’un club de pétanque ou d’un groupe de cuisiniers amateurs facilite les choses. Certaines associations se battent en effet pour que le parcours d'un migrant ne soit pas seulement ponctué d'aliénants rendez-vous en préfecture. En Suède, qui fait partie des pays européens accueillant le plus d'étrangers depuis le début de la crise migratoire, cet effort passe notamment par… le vélo !
"La Suède fait partie des pays européens ayant répondu à la crise migratoire de 2015 avec le plus de volontarisme, expliquent les aventuriers d’Energy Observer, mandatés par l’ONU pour chercher autour du globe les solutions les plus originales et innovantes, dans une multitude de domaines. Dans la région de Gothenburg, l’association Freedom on a Bike s’est donné pour objectif de répondre au repli sur soi en incitant les femmes à la pratique du vélo." Ils ont ainsi produit une vidéo très inspirante.
Une plus grande autonomie et plus de confiance en soi
Ce n’est pas une surprise, la Scandinavie, Danemark en tête, est une région où les déplacements propres ont le vent en poupe. On a très souvent parlé dans les pages des Éclaireurs du flygskam, cette honte (venue de Suède) de prendre l’avion par souci écologiste, mais la tradition de déplacements zéro émission carbone n’est pas nouvelle. La Kattegattleden est par exemple très souvent considérée comme la meilleure piste cyclable d’Europe. Elle sillonne la côte ouest, de Halmstad à Göteborg, deuxième ville du pays.
La capitale suédoise travaille depuis la fin des années 1980 à modifier les comportements individuels et collectifs en matière de mobilité. "Le vélo fait partie en effet de la culture locale, et les trajets du domicile - travail sont souvent effectués à vélo." C’est pourquoi l’association Freedom on a Bike a décidé d’apprendre simplement aux femmes réfugiées à faire du vélo, les réparer et s’approprier le code de la route pour s’intégrer pleinement dans leur nouvelle vie. Un concept simplissime et génial.
"L’association offre aux femmes une plus grande autonomie et plus de confiance en elles. Une fois prêtes, les femmes organisent entres elles des balades pour visiter la région." Bien entendu, ces femmes, originaires de Syrie, d’Afghanistan ou du Kenya, reçoivent également par la même occasion un soutien linguistique.
Puissant vecteur d'intégration
Non contente d’être très souvent montrée en exemple dans de nombreux domaines sociétaux, la Suède est également exemplaire dans son aide aux réfugiés. Sa politique d’intégration, tournée vers "l’empowerment", a fait ses preuves. "Ces cinq dernières années, le pays a accueilli plus de 600 000 migrants en provenance de toutes les parties du globe. L’enjeu de leur intégration est primordial", souligne Energy Observer.
En matière d’empowerment, apprendre à faire du vélo pour devenir autonome, lorsqu’on vient d’un pays où ce moyen de transport n’était utilisé que par des hommes (quand il n’est pas carrément rendu dangereux par l’état des routes ou la sécurité générale), est un parfait exemple de petites habitudes du quotidien qui changent notre vision du monde. La bicyclette est ainsi un outil de déplacement pour aller au travail, mais pas seulement : elle est un puissant vecteur d’intégration.
Premier ambassadeur français des Objectifs de Développement Durable de l’ONU, la mission Energy Observer sensibilise aux solutions innovantes avec son bien-nommé projet "Solutions". Mais Energy Observer, c’est avant tout le nom du premier navire autonome en énergie, à la fois plaidoyer et laboratoire de la transition écologique. Toutes les informations sur le projet sont à découvrir ici.