

Et si on passait à la semaine des 4 jours (mais payés 5) ?
Moins saugrenue et plus vieille qu’elle y paraît, l’idée se faufile doucement dans le monde de l’entreprise. Car en ne bossant que 4 jours, tout en étant payé sur 5 jours, le dispositif s’avère un modèle vertueux où l’employé.e y gagne autant que l’employeur.euse.
2022 M09 9
Déjà au milieu des années 1990, à la faveur d’une nouvelle loi sur l'aménagement du temps de travail, plusieurs dizaines d’entreprises françaises ont expérimenté la semaine de 4 jours sans réduction de salaire. Malheureusement, les années 2000 et son « travailler plus pour gagner plus » n’ont pas permis de généraliser le dispositif. Après cette récente période de confinements qui nous a fait souvent questionner sur nos conditions de travail, la semaine de 4 jours fait son grand retour : elle serait même plébiscitée par 66 % des salariés.

Le lundi, on reste au lit !
Concentrer les 35 heures hebdomadaires sur 4 jours afin de se dégager une journée supplémentaire; le dispositif demande un peu d’adaptation pour continuer de faire tourner la boîte comme si de rien n’était : polyvalence des travailleurs.euses pour seconder les collègues en repos, organisation et communication pour ne pas diluer les relations interpersonnelles, etc. Le principal gain, comme le rappelle Laurent de la Clergerie, président fondateur du groupe LDLC, est que le weekend sera enfin chômé et non consacré aux corvées en retard :
« J’ai la conviction que sur 4 jours on est dans de meilleures conditions qu’en travaillant 5 jours. Cela permet à chacun de prendre les rendez-vous qu’on n’arrive jamais à caler, de faire des courses, du sport ou des tâches du quotidien. »
Moins de temps passé dans les bouchons ou les transports en commun, c’est aussi moins de stress et de fatigue. Bref, un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée.
On peut aussi avancer l'argument écologique, puisque, selon une étude suédoise, si une entreprise réduit son temps de travail de 20 %, alors son émission de gaz à effet de serre diminuera de 16%.

Win-win
Pour l’employeur, ce nouveau rythme n'entraîne aucune perte d’efficacité. Au contraire, les empoyé.es, obligé.es de boucler leurs tâches en 4 jours plutôt que 5, mettent plus de cœur à l’ouvrage. Marjorie, commerciale, explique ce qui change en travaillant désormais 8 heures au lieu de 7 :
« Les journées sont un peu plus intenses, mais je me sens plus focus, je m'éparpille un peu moins. »
Lorsque Microsoft Japon est passé à la semaine de 4 jours pendant un mois en 2019, le gain de productivité de la filiale a bondi de 40 %. Une telle mesure demeure un gage d’attractivité pour l’entreprise, surtout à l’heure où de plus en plus de travailleurs.euses, surtout les jeunes, remettent en cause la hustle culture – le culte du taf et de l’accomplissement professionnel au détriment de tout le reste – qui a longtemps été la norme.
Depuis des décennies – disons même des siècles – la tendance est à la réduction du temps de travail hebdomadaire. La semaine de 4 jours est donc l’évolution normale et souhaitable de notre mode de vie. Alors qu’est-ce qu’on attend ?