SWG3 Glasgow

Ce bâtiment est chauffé grâce à... l'énergie des danseurs d'une boite de nuit

Plus les danseurs mouillent le maillot et moins le bâtiment consomme d’électricité. Un système expérimenté en Écosse, mais qui pourrait bientôt traverser la Manche.
  • Le passé industriel laisse des marques sur tous les quartiers de Glasgow, à commencer par les quais de la Clyde, fleuve largement utilisé pour le transport de fret. C’est encore plus vrai pour les chantiers métallurgiques et entrepôts désaffectés de Kelvinhaugh devenus l'un des clubs les plus populaires de Grande Bretagne : le SWG3

    Depuis 15 ans, ce lieu unique accueille entre ses murs de briques et ses poutres métalliques tâchées de rouille des concerts et soirées qui ont changé la froide ville écossaise en fournaise. Littéralement, puisque c’est grâce à la chaleur dégagée par son public que le complexe artistique se chauffe.

    SWG3 Glasgow

    Everybody / Move your body

    Installé par TownRock Energy depuis un an dans le club, ce système est appelé BodyHeat. Il fonctionne comme une pompe à chaleur : une ventilation capture la chaleur humaine déployée dans le lieu vers un circuit hydraulique long de 200 mètres, ce qui a pour effet de le réchauffer. Le système est lui-même relié à une douzaine de puits de stockage forés dans le sol pour le stockage de l’énergie thermique; ce qui permet de profiter de la chaleur ailleurs et plus longtemps. Plus les danseurs transpirent, et plus ça chauffe.

    Nul panneau solaire, nulle éolienne, et pourtant cette énergie est bien gratuite, renouvelable et propre (contrairement à votre t-shirt en rentrant du concert). Un principe appelé géoénergie, qui rappelle la géothermie sauf qu’au lieu de plonger dans la terre, on puise cette énergie auprès de participants, volontaires et heureux. Oh, et ça fonctionne aussi à l'envers, l'été.

    « En clair, plus les danseurs transpirent, plus le circuit permet de réchauffer n’importe quelle pièce du complexe. »

    Vous trouvez sans doute qu’une boîte de nuit n’a pas besoin de chauffage si on se réfère à l’odeur de gymnase qui y règne durant les soirées. Certes. Mais le SWG3 est un centre artistique bien plus grand que son seul dancefloor : 4 salles de spectacle de 125 à 1250 places, un bar, un studio de shooting, et bien sûr des bureaux... Ce système de récupération thermique permet de réchauffer toutes les salles, même en journée.

    Est-ce que vous êtes chauuuuds ?

    En pratique, l’énergie générée par les corps ne se perd pas, mais est-elle suffisante à bien chauffer ? Selon le club, danser sur un rythme moyen « comme une musique des Rolling Stones peut générer 250 watts » rapporte la BBC. L’énergie suffisante pour travailler sur un laptop pendant 3 heures. Tandis qu’une soirée électro, avec un DJ « qui fait claquer les basses et sauter tout le monde en l’air » peut générer « 500 à 600 watts d’énergie thermique ».

    Le système est assez fiable en tous cas pour que le SWG3 ait décidé d'éteindre sa chaudière à gaz. Pour le plus grand plaisir de son directeur, Andrew Fleming-Brown, qui confirme avoir ainsi réduit ses émissions de CO2 « d’environ 70 tonnes par an ». Par contre, comme pour toute pompe à chaleur, c'est un investissement coûteux.

    Le club a déboursé 600 000 livres sterlings, soit 687 000 euros. Dix fois plus qu’un climatisation réversible traditionnelle, qui ne sera jamais aussi écolo. Mais le SWG3 n’est pas inquiet et considère qu’il aura rentabilisé l’installation d’ici 5 ans compte tenu des économies réalisées chaque mois. Le cours actuel de l’électricité pourrait bien lui donner raison plus rapidement encore.

    Si le prinicpe vous intéresse, TownRock Energy n'exerce pas en France, mais nous avons d'autres acteurs de la géoénergie, notamment la startup à impact environnemental Geosophy pour qui ce système serait la clé pour réduire les factures et booster la transition énergétique dans l'immobilier. L'avenir du chauffage est peut être déjà là, sous vos pieds.

    Crédit photo : SWG3 

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