L’émergence de l'habitat participatif

Il repose sur des principes très années 70, peace & love : communauté, partage et participation. L'habitat participatif permet de prendre en charge la conception d’un lieu de vie à plusieurs sans laisser carte blanche à un promoteur immobilier. Ces immeubles d’un nouveau genre ont le vent en poupe. Comment fonctionnent-ils et contribuent-ils à créer des lieux de vie durables et sociaux ?
  • Sur son site, le collectif d'animation Habitat Participatif France recensait, en 2021, 900 projets de logements participatifs dont 270 aboutis. En cumulé depuis 2009, ce sont 2900 logements qui ont été livrés avec une croissance moyenne de 18% par an. L’habitat collectif favorise l’accès à la propriété en mettant en avant des valeurs de démocratie, de mixité sociale et d’entraide. Indiscutablement, le concept séduit même si c’est une goutte d’eau dans l’océan de la promotion immobilière qui construit entre 300 000 et 500 000 logements par an.

    Une conception, une construction et une gestion collective

    L’habitat participatif permet à des groupes de citoyens de concevoir, créer et gérer leur habitat collectivement. Et ce, avant même l’entrée dans les lieux, à la différence des copropriétés. Tout le monde participe à l’élaboration des espaces privatifs et des espaces communs pour mieux répondre aux besoins de chacun, au diapason de ses moyens et ses aspirations. " Vivre en habitat participatif, c'est choisir d'habiter autrement avec ses voisins en particulier en matière de vie sociale et d’écologie, dans un esprit de partage et de solidarité" revendique Habitat participatif.
    La participation peut être plus ou moins grande selon les habitats. Elle peut aller du partage d’un jardinet jusqu’à une chambre d’amis avec une cuisine et une salle de bain.

    Le cadre légal de l’habitat participatif

    C’est la loi Alur pour l'accès au logement et un urbanisme rénové de 2014 qui a défini le cadre légal de l'habitat participatif, dans ses articles L200-1 à L202-11. Il y est notamment stipulé que l'habitat participatif favorise la construction et la mise à disposition de logements, ainsi que la mise en valeur d'espaces collectifs dans une logique de partage et de solidarité entre habitants. Les sociétés d'habitat participatif peuvent se constituer sous la forme de coopératives d'habitants ou de sociétés d'attribution et d'autopromotion de la recherche du terrain à la revente des biens. Propriétaires, ils gèrent collectivement les lieux. Ces sociétés peuvent également déléguer la construction de l’immeuble et la livraison des logements à un promoteur immobilier. Dans ce cas, elles se constituent en société d'autopromotion qui va organiser le bien-vivre ensemble.

    Une réponse à la spéculation immobilière

    Inspirés du Baugemeinschaft, des groupes de construction autogérés allemands, les premiers projets d'habitats participatifs voient le jour en France dans les années 1970. Ils répondent aux difficultés d’accès au logement et à la propriété liées à la spéculation immobilière. Aujourd’hui, ils s’inscrivent aussi beaucoup dans une démarche éco-responsable. Les logements individuels sont sans surprise plus petits que la moyenne avec une volonté affichée de mieux répondre aux enjeux de transition énergétique et de développement durable. La difficulté reste le financement de ces projets. Il peut être soutenu par un bailleur social ou bien les participants peuvent recourir à l’emprunt…s’ils parviennent à vaincre les réticences des banques. L'union fait la force, dit-on.

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