2023 M07 7
Face à la hausse de carbone dans l’air, tout le monde appelle à planter des arbres. Mais le botaniste français Françis Hallé, grand défenseur des forêts primaires, estime pour sa part qu’il ne faut pas confondre « un terrain couvert d’arbres et une forêt ». Une plantation d'arbres reste un milieu transformé par l’humain pour ses propres besoins et dénué de vie sauvage, la faible diversité des essences plantées nuisant à la biodiversité (moins de variété de nourriture donc moins d’espèces d’insectes différentes).
En résumé, les forêts plantées actuellement sont bien un atout pour lutter contre le CO2 mais constituent… un appauvrissement pour la vie sauvage. Ce pourquoi de jeunes Bretons ont décidé de faire éclore des forêts sauvages en se portant acquéreurs de terrains naturellement boisés pour en faire des réserves de vie sauvage.
🌍"Ici, nous n’allons pas prélever d’arbres, il n’y aura pas de chasse, pas de ramassage de champignons… " : ils achètent des forêts pour créer des réserves de vie sauvage, c'est le projet du collectif Wild Bretagne ! 🌲
— Ouest-France (@OuestFrance) February 15, 2023
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Sans hommes, mais pas sans âmes
Acquérir des terrains et les laisser se développer de façon autonome, voilà le projet tel que le résume au Télégramme Alexandre Patureau du collectif Wild Bretagne. Cette association des Côtes-d’Armor a pour objectif d’acquérir des terrains sauvages et d'y éviter toute activité humaine. « Ni culture, ni coupe d’arbre, ni chasse » précise-t-il allant même jusqu’à spécifier qu’il n’y aura pas non plus de ramassage du bois mort. Ainsi chaque espèce pourra s’y développer sans entrave et trouver de quoi se nourrir : insectes, rongeurs, oiseaux et grands prédateurs, sans oublier la flore.
Car pour Wild Bretagne, le constat est triste : si la Bretagne a une image romantique de nature indomptable le long de ses côtes, c’est une des régions les moins boisées de France avec à peine 13 % de forêts sur son territoire (contre 30 % en moyenne nationale). Ni une ni deux, les Bretons ont donc décidé de chercher une forêt. Et ils l’ont trouvée.
Le Bon Coin (à champignon)
Assez simplement même, puisqu’ils ont déniché ces anciens champs laissés à l’abandon depuis des décennies et (naturellement) reboisés. Ils ont lancé une collecte en ligne pour devenir collectivement propriétaires du terrain de Plouëc-du-Trieux. Le projet paraissait un peu fou. Ils avaient besoin de 7590 € pour compléter leur apport ; ils ont récolté... plus de 26 000 €.
Ils ont déjà mis la main sur trois parcelles cumulant 1,8 hectare (18 000 m²) mais cette nouvelle parcelle, non loin de la mythique forêt de Paimpol, enracine encore leur projet de revitaliser la nature. La forêt va donc être abandonnée à elle-même (sauf en cas de menace d’un arbre envers la voie publique ou des habitations, précise le site). Elle accueillera quelques visiteurs occasionnels, à des fins scientifiques et éducatives, afin que les enfants redécouvrent la nature et la botanique, mais aussi des artistes qui sont invités à se nourrir de ce coin de nature sauvage.
Ainsi demain, biodiversité et nature auront vraiment retrouvé toute leur place. Enfin plutôt "après demain" car comme Alexandre le rappelle, « il faudra au moins 600 ans, voir plus ». Alors ne soyons pas pressés, laissons faire le temps.