2021 M02 4
Depuis de longues années, les échanges maritimes puis aériens ont permis à des espèces animales et végétales de changer de pays puis de continent via l'activité humaine.
Mais depuis quelques années, le réchauffement climatique change la donne et pousse un certain nombres d'espèces à migrer d'elles-mêmes. "Même si les limites du territoire des espèces sont dynamiques et fluctuent avec le temps, le changement climatique pousse à une redistribution universelle de la vie sur Terre" explique ainsi l'équipe de Gretta Pecl, professeur à l'institut pour les études marines et antarctiques de l'université de Tasmanie dans une étude publiée dans la revue "Science".
« Aux États-Unis, 34% des espèces d’arbres du pays se déplacent vers le nord à une vitesse moyenne de 11 km par décennie »
Ainsi d’après les scientifiques, environ la moitié des espèces serait aujourd’hui en mouvement dans le monde. Les espèces terrestres se déplacent vers les pôles à une vitesse moyenne de 17km par décennie et certaines font le choix de grimper vers les sommets montagneux à la recherche des températures normale de leur habitat naturel.
Selon une étude parue en 2018 dans la revue Nature, il semblerait ainsi que les 300 sommets de différentes régions montagneuses d’Europe étudiées (Alpes, Carpates, Ecosse, Pyrénées, Scandinavie, Svalbard) se soient enrichis de nouvelles espèces de plantes à une vitesse de plus en plus importante.
Alors qu’en moyenne entre 1957 et 1966 ces sommets ont accueilli un peu plus d’une espèce végétale supplémentaire, entre 2007 et 2016 ce gain a été de 5,4 espèces. Pour les arbres, on retrouve le même phénomène : selon des relevés des services forestiers des États-Unis, 34% des espèces d’arbres du pays se sont déplacées vers le nord à un taux moyen de 11 km par décennie entre 1980 et 2015.
Ces migrations, visiblement, permettent aux arbres et aux plantes de trouver de meilleures conditions : plus de précipitations, des températures plus adaptées, des sols plus riches. Mais ces déplacements peuvent-ils poser problème ?
Le syndrome de la "dette d'extinction"
En migrant, certaines espèces viennent en chasser d’autres qui doivent à leur tour migrer pour survivre et ainsi de suite. Un schéma qui conduit nécessairement à une impasse.
En effet pour certaines espèces migratrices, l’altitude ou les zones au nord sont leur dernier refuge si les températures continuent d’augmenter. Mais quand ces espèces n’auront plus de possibilités pour aller plus haut ou plus au nord, elles vont naturellement s'éteindre. Un peu comme un dernier voyage, c'est ce que les scientifiques appellent « la dette d’extinction ».
Par ailleurs, cette migration est particulièrement lente pour de nombreuses espèces, à l'image des arbres. Or, le réchauffement climatique pourrait ne pas leur laisser le temps d'atteindre de meilleures latitudes. En France, c'est le cas, par exemple, du hêtre, dont la migration vers l'Est et le Nord du pays est aujourd'hui assistée par des scientifiques de l'INRAE pour éviter la disparition de cette espèce du territoire français.