La méthode Miyawaki, une solution pour créer des mini-forêts partout en ville

La ville de Paris accueillera bientôt une véritable forêt native de 700 m2 à proximité de la pelouse de Reuilly, au bois de Vincennes. Elle devrait former un impressionnant îlot de verdure dans un milieu urbain à proximité directe du périphérique et du métro. Composée de 2 000 arbres de plus de 20 essences locales, cette forêt a été plantée en mars 2019 par l’association Reforest’Action selon la méthode Miyawaki. 

Des projets comme celui-ci fleurissent en France depuis quelques années. L’association Boomforest en a planté une porte de Montreuil, en mars 2018, sur un talus de 400 m² en bordure du périphérique ; puis une autre Porte des Lilas, en 2019. Des chantiers similaires sont également en cours à Epernay, à Nantes ou encore à Toulouse, où le collectif “Toulouse en transition” a récemment planté 1 200 arbres sur un terrain de 400 m2 en plein cœur de la métropole. 

Et la particularité de toutes ces forêts, c'est qu'elles ont été plantées selon la méthode si particulière du docteur Akira Miyawaki. Au total, on estime que - dans le monde entier - ce sont près de 3 000 forêts et 4 millions d’arbres qui ont été plantés selon ce procédé. 

Deux mois après sa plantation dans le cadre du #MoisDeLaForêt, notre #forêt #Miyawaki au bois de Vincennes @Paris est en pleine santé ! 🌱👉🏻 https://t.co/h5YTvtQVxS @Anne_Hidalgo @PKOMITES

— Reforest'Action (@reforestaction) June 6, 2019

La “Méthode Miyawaki”, qu’est ce que c’est ? 

Akira Miyawaki est un botaniste japonais né en 1928. C’est l’un des experts les plus reconnus au monde en matière de restauration des forêts natives. Les forêts plantées par les Hommes jusqu’ici sont très éloignées de ce que produit la nature : des rangées d’abres bien alignées, très espacées, qui sont en fait des forêts “cultivables” pour produire du bois et de la biomasse. 

Au contraire, le professeur Miyawaki prône la création de forêts natives, c’est à dire créées selon le désordre naturel que produit la nature, avec des arbres qui vont s’adapter à des sols dégradés ou déforestés, et recréer ainsi au fil des ans leur fertilité et la biodiversité nécessaire à leur épanouissement. 

Cette méthode s’appuie sur 3 grandes étaples : 

- Une sélection de variété de plantes indigènes d’une région qui vont germer en pépinière pendant un ou deux ans,  

- La préparation des sols pendant ce laps de temps, qui sont fertilisés avec des matières naturelles et des biodéchets, 

- Une étape de plantation extrêmement dense pour maximiser l’occupation de l’espace. 

Ensuite, la nature s’occupe du reste, ou presque. Ces forêts nécessitent une intervention humaine pendant environ trois ans, pour arroser et s’assurer de la bonne croissance des plantes. Mais après cela, elles sont totalement autonomes.

Les abords de la muraille de Chine ont aussi été reboisés en suivant la méthode Miyawaki

Des forêts 100 fois plus riches en biodiversité

Les forêts plantées selon la méthode Miyawaki peuvent être 30 fois plus denses que les plantations d’arbres classiques. On considère également qu’elles sont 100 fois plus riches en biodiversité. Et grâce à cela, elles se développent plus vite grâce aux interactions et synergies qui se développent entre les plantes. 

En produisant de l’humidité et en offrant des zones ombragées, les arbres contribuent à rafraîchir et à lutter contre les épisodes de canicule et à limiter les îlots de chaleur. D’après la FAO (l’organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation), ces mini-forêts, très denses, peuvent ainsi rafraîchir l’air ambiant de 2 à 8°C. Elles permettraient également de réduire les concentrations en particules fines de 20 % à 50 % selon les chiffres de l’association Nature Conservancy.

Ces forêts sont également utilisées pour réduire l’érosion des sols et protéger le littoral des tempêtes et des tsunamis. C’est par exemple le cas au Japon depuis le drame de Fukushima, où de nombreuses forêts ont été plantées par le docteur Miyawaki afin de protéger les côtes.