La révolution numérique, une bouffée d'oxygène pour les sourds et malentendants ?

La France compte environ 6 millions de personnes atteintes de troubles de l'audition, sourdes ou malentendantes. Des personnes qui, chaque jour, se démènent dans un monde qui n’est pas conçu pour ce handicap. Un exemple parmi les nombreux défis à relever pour vivre en société : l’apprentissage de la lecture.

Cela n’y paraît pas, mais l’apprentissage de la lecture se fait avant tout par l’écoute, puisque lire consiste à associer, dans son esprit, des sonorités déjà entendues aux lettres qui sont écrites. Or, pour les personnes sourdes de naissance ou devenues sourdes très jeunes, c’est un énorme défi à relever que d’apprendre à lire. 

Un défi d’ailleurs essentiel puisque sans cela, les personnes sourdes et malentendantes éprouvent d’énormes difficultés par la suite : pour l'accès à l’emploi, aux loisirs, aux soins, aux transports. Un phénomène d’exclusion de la société terrible qui pourrait être solutionné par les nouvelles technologies.

Des innovations prometteuses

Depuis quelques années, apparaissent ainsi des applications, objets connectés ou extension de navigateurs qui permettent d’améliorer les choses. C’est par exemple le cas de Elix, le premier dictionnaire vivant de français en LSF, qui propose près de 21 000 définitions traduites en langue des signes. Elle permet d'accélérer l’apprentissage de la lecture car il suffit alors de taper un mot pour découvrir automatiquement sa traduction ainsi qu’une vidéo tutorielle pour apprendre à signer.

Ce type de technologie est aussi accessible à travers une extension de navigateur afin de lier l’inclusion numérique à l’inclusion sociale : un clic sur un mot permet de faire apparaître une bulle qui explique son sens en LSF et le signe correspondant. Une avancée majeure qui trouve tout son sens dans un monde de plus en plus numérisé. 

Téléphonie mais aussi spectacles vivants 

Une autre grande problématique rencontrée par les personnes sourdes et malentendantes, c’est le rapport au téléphone. Alors que près de 11 millions de smartphones sont vendus chaque année en France, ce sont aussi des millions de personnes que la surdité empêche de téléphoner au travail et dans la vie quotidienne. 

Ici aussi, les initiatives se multiplient, à l’image de ce que propose par exemple la satartup Rogervoice qui, en s’inspirant du fonctionnement de l’assistant Siri, propose une application pour répondre à cette problématique. Concrètement, elle propose un système de sous-titrage en temps réel des conversations entre deux personnes et sa traduction en langue des signes française en visio-interprétation. 

Entre autres exemples, on voit aussi que le numérique permet de développer l'accessibilité de nombreux secteurs aux personnes qui souffrent de troubles de l'audition. Celui du spectacle vivant par exemple, en particulier le théâtre. Une startup française, Panthea, propose ainsi depuis peu des lunettes qui, grâce à la réalité virtuelle, permettent de sous-titrer les spectacles et de les rendre plus accessibles. Si la startup en est à ses débuts, l'initiative est prometteuse et symbolise une tendance de fond de ces dernières années : celui de la Tech for Good, une tendance qui place l'innovation au service du bien commun.