Le non-partage équitable des tâches domestiques, bientôt un délit ?

En France, dans les couples hétérosexuels, l’absence d’équité dans la division de l'entretien de la maison est encore bien réelle. C'est pourquoi la députée écoféministe Sandrine Rousseau propose de créer un délit de non-partage des tâches domestiques; une idée approuvée par la moitié de la population, selon un récent sondage.
  • En avril 2022, le groupe Ifop a publié une enquête sur le non-partage des tâches domestiques menée pour Consolab auprès d’un échantillon de 1992 personnes. Cette enquête interrogeait les Français sur l'idée de punir par la loi l’absence d’équité dans la division sexuelle de l'entretien de la maison. Cette idée portée par la députée écoféministe Sandrine Rousseau a évidemment fait débat. Pourtant, pour la candidate malheureuse de la primaire d’EELV, la question des tâches domestiques est assurément une question politique. Et il semblerait que les Français partagent son avis.

    La moitié des Français pour le délit de non-partage des tâches domestiques

    Cette proposition de Sandrine Rousseau a été évoquée lors d'un entretien sur Twitch, entre la femme politique et le média Mademoizelle. Il permettrait de sanctionner le conjoint qui ne prend pas sa part des tâches ménagères ou parentales. Or, d'après l'enquête d'Ifop, 50 % des femmes et 44 % des hommes y sont favorables. Des chiffres qui prouvent que les mentalités évoluent. Mais n'oublions pas que l'inégalité est encore une réalité dans de nombreux couples de l'Hexagone.

    De nos jours, 57 % des Françaises en couple avec un homme déclarent en faire « plus » que leur conjoint, 37 % disent en faire « à peu près autant » et seulement 8 % estiment en faire « moins » que leur compagnon. D'ailleurs, 25 % des Françaises ont déjà songé à quitter leur partenaire à cause d’une mauvaise répartition des tâches. On dirait bien que le délit de non-partage des tâches domestiques proposés deux fois par Sandrine Rousseau ne serait pas inutile… Il permettrait, entre autres, de briser un schéma qui prend racine dans le patriarcat, notamment avec la figure de la « femme au foyer ». D'ailleurs, dans l'enquête menée par l'Ifop, ce sont bel et bien les plus jeunes qui sont les plus enthousiastes concernant ce dispositif législatif : 61 % des femmes de moins de 30 ans se déclarent pour. 

    Réduire le poids de la charge-mentale

    En 1984, la sociologue Monique Haicault définissait la charge mentale comme le fait de « devoir penser simultanément à des choses appartenant à deux mondes séparés physiquement ». De ce point de vue, créer un délit de non-partage équitable des tâches domestiques pourrait réduire la charge mentale des Françaises. En effet, en 2018, une enquête sur les Français et la charge mentale démontrait que 41 % des Français associent la charge mentale aux tâches domestiques et parentales. À l'époque, 2 femmes sur 3 se sentaient concernées par la charge mentale, contre seulement 1 homme sur 3. Comme quoi, on a encore du boulot de ce côté-là aussi...

    Si seulement 14 % des Françaises se disent prêtes à porter plainte contre leur compagnon paresseux, l'idée d'avoir une loi concernant l'égalité du partage des tâches domestiques séduit donc la moitié de la population. Reste à savoir si l'État prendra au sérieux la proposition de Sandrine Rousseau. On l'espère, même si la mise en place d'une telle pénalisation s'avère compliquée au quotidien…

    Elle s'envisage en tout cas plus facilement dans le cadre d'un divorce. En 2021, au Portugal, un homme a été condamné à verser 60 782 euros à son ex-conjointe. Une indemnisation, ici pour 30 ans de non-partage équitable du travail domestique, qui devrait donner à certain l'envie de s'impliquer davantage !

     

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