L'équipe des Dégommeuses sur le terrain, saison 2019-2020.

Les Dégommeuses : le club de foot lesbien et transgenre qui veut tacler tous les clichés

Née en 2012, cette association sportive, atypique et très politique, œuvre à "la promotion du foot féminin et à la lutte contre le sexisme, les LGBT-phobies et toutes les discriminations".

Malgré une rentrée 2020 un peu chaotique, Covid-19 oblige, deux causes animent plus que jamais Les Dégommeuses, ce club de foot lesbien badass créé à Paris il y a huit ans : la promotion du foot féminin et la lutte contre le sexisme, les LGBT-phobies et toutes les discriminations (il accueille aussi des joueuses transgenres).

Très actives politiquement, certaines de ses figures historiques présentes ou passées sont même désormais bien identifiées dans le paysage médiatique français, ce qui a indéniablement aidé à mettre "Les Dégos" sur la carte des assos parisiennes à suivre de près.

Cécile Chartrain, cofondatrice, fut récemment la récipiendaire de la médaille de la ville pour son engagement pionnier en faveur du foot féminin ; Marine Rome, ex-coprésidente présente sur tous les fronts, est engagée dans l'égalité par les activités physiques et sportives (elle a quitté le club en début d'année). Quant à Alice Coffin, ex-membre de l’asso désormais élue écologiste au Conseil de Paris, elle fut l'auteure d’une étude remarquée sur le traitement du football féminin dans les médias sportifs (à l’époque où elle était encore journaliste), qui a aidé à mettre le club sur des rails.

Le cœur de leur passion, au-delà du ballon rond, est par essence éminemment politique : comme le rappelait Marine Rome récemment dans un beau portrait qu’avait consacré le prestigieux New York Times à l’association pendant la Coupe du monde féminine de football en 2019, « en France, à cause de cette idée d’universalisme et d’égalité, quand vous faites partie d’une minorité, vous êtes censé rester silencieux, car cet universalisme présuppose que nous serions toutes et tous les mêmes, bien que ce ne soit pas le cas. »

L'équipe des Dégommeuses lors de la Marche des Fiertés de 2019 à Paris, brandissant des pancartes politiques en faveur de la PMA ou des droits des personnes transgenres.
Crédits photos : Teresa Suárez/Les Dégommeuses

Tacler les représentations caricaturales de leur sport

Pas question pour Les Dégommeuses de rester silencieuses. Elles crient fort et ça fait du bien. Désormais dotées d’une quarantaine de joueuses et de davantage d’adhérent(e)s (qui ne tapent pas forcément dans le ballon mais les soutiennent), elles se retrouvent tous les lundis et mercredis soir au stade Louis-Lumière, dans le 20ème arrondissement de Paris, pour des entraînements tout ce qu’il y a de plus classique, bien qu’elles ne soient inscrites à aucun championnat. Ici, ce n’est pas l’esprit de compétition qui prime.

En revanche, les actions de sensibilisation restent une composante importante de leur engagement. À la clé, « la création d’espaces et de pratique plus accueillants et inclusifs, afin de faire évoluer les représentations liées à la place des femmes et des minorités sexuelles et de genre dans le milieu du football », réputé fermé et macho, expliquent-elles sur leur site.

La bande de copines s’engage par exemple pour les réfugiées (leur permettant de jouer sans débourser un centime), participent à l’annuelle Marche des fiertés, invitent des joueuses menacées dans leur pays d’origine ou, plus largement, taclent les représentations caricaturales de leur sport, à base de clichés éculés sur les lesbiennes ou au contraire de joueuses à talons aiguilles roses mises en avant par la Fédération, qui espère ainsi appâter les jeunes filles pour qu’elles adhèrent.

« Au départ, elles ont choisi ce nom par autodérision »

Jouer au foot en tant que femme demeure un acte militant

« Elles ont surtout choisi ce nom par autodérision », étant donné leur niveau au départ, expliquait en 2016 un reportage de TV5 Monde, qui les suivait à l’entraînement. « Ce qui était à l’origine une bande de copines rassemblées pour participer au Tournoi international de Paris en 2012 est devenu une association militante dans laquelle le respect et l’entraide sont rois. »

Puisque, malgré le succès international de certaines footballeuses ouvertement lesbiennes, à l’image de Megan Rapinoe aux États-Unis, jouer au foot en tant que femme demeure en soi un acte militant, quoi de plus logique que l’utilisation de ce medium populaire pour secouer les mentalités françaises ? Bravo aux Dégos !

Megan Rapinoe, joueuse de football ouvertement lesbienne de l'équipe nationale américaine, pose pour son sponsor (Nike) sur un panneau à New York.
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