Les jardins interreligieux : des lieux de partage, sans mauvaise foi

Des jardins pas comme les autres poussent un peu partout en France, et ces nouveaux espaces verts sont « interreligieux ». On vous dit en quoi ça consiste, et pourquoi c'est génial.
  • Le mois dernier, le 12 octobre exactement, un jardin pas comme les autres a été inauguré à Brumath (Bas-Rhin). Ce jardin est « interreligieux »... Des comme lui, il s'en crée de plus en plus en France, surtout en Alsace ! Mais à quoi servent-ils ? 

    Le site Alsace-jardins les décrit comme des espaces publics ouverts à toutes et tous (« voisins, familiers, de passage ou grands voyageurs ») et placé sous la responsabilité de chacun.e. Ils sont en fait un lieu de partage où les diverses religions se rencontrent. 

    Des lieux de vivre ensemble où des enfants, notamment, découvrent le beau concept de « coexistence ». Ainsi, l'année dernière, 58 élèves de 6e de la commune de Saverne ont pu suivre un parcours entre différents lieux de culte et le jardin public interreligieux de la ville. Ils étaient accompagnés dans leur balade d'une professeure d’histoire, de deux professeurs de religion catholique et protestante, et d'une assistante d’éducation. 

    L'Europe, terre de mixité religieuse ?

    Ces lieux d'altérité où dialogue et de solidarité se créent trouvent évidemment leur place en France. Si l'Hexagone est plus vieux pays chrétien d'Europe, la ferveur religieuse est aujourd'hui globalement en baisse dans le pays avec 27 % de croyants. Parmi cette population, la majorité est catholique (38 millions adeptes). À la deuxième place, la religion la plus représentée en France est l'islam (21 millions adeptes), suivie du judaïsme (5 millions d'adeptes). une terre de mixité religieuse ! D'ailleurs, une Conférence des responsables de culte en France a été créée en 2010. Elle regroupe chaque année, à l'Élysée, six instances responsables françaises des Églises chrétiennes, du judaïsme, de l'islam et du bouddhisme. 

    Nombreux sont les pays d'Europe à être aussi hôte d'une telle mixité religieuse. À Berlin, en Allemagne, une Maison de l'Unité baptisée « House of One » a ouvert ses portes en mai 2021. Lieu de culte partagé, elle comprend à la fois une synagogue, une mosquée et une église. En 2010, sur l'île de Bali en Indonésie, un complexe religieux comprenant cinq lieux de cultes était inauguré et mis à la disposition des touristes. 

    Coexister, c'est possible !

    Pas d'exemples de la sorte en France, pourtant, en  2015, Dalil Boubakeur - alors président du Conseil français du culte musulman - affirmait au micro d'Europe 1 :  « C'est le même Dieu, ce sont des rites qui sont voisins… Je pense que musulmans et chrétiens peuvent coexister », après avoir été interrogé sur la possibilité de récupérer des églises vides pour en faire des mosquées. L'idée de la coexistence existe... et se concrétise pour l'instant aux travers de jardins alsaciens.

    La Vierge Marie, par exemple, 
    est reconnue dans les trois grandes religions monothéistes

    Même si la construction d'une cohabitation apaisée prend du temps, elle est possible ! L'Albanie en est un parfait exemple, puisque là-bas, les croyances religieuses n'ont pas de rôles identitaires. En France aussi, outre les jardins interreligieux d'Alsace, il existe un lieu connu pour laisser une grande place au vivre ensemble : l'île de la Réunion.

    Mais ici ou ailleurs, la coexistence n'est jamais miraculeuse. Elle est le résultat de beaucoup de dialogues et de respect mutuel. 

     

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