Mike Cannon Brookes energie verte

Mike Cannon-Brookes, le milliardaire qui rachète les centrales polluantes... pour les fermer

Contrairement à d’autres milliardaires, lui ne va ni dans l’espace ni sur son yacht. Cet Australien veut forcer les entreprises à en finir avec les énergies fossiles. Quitte à les racheter de sa poche, si nécessaire.
  • Atlas, vous connaissez ?

    Dans la mythologie grecque, c’est le titan qui porte le ciel sur ses épaules pour éviter qu’il ne s’écroule sur Terre. Et c’est aussi l'inspiration d’une entreprise australienne qui développe des logiciels pour booster la productivité des entreprises : Atlassian. Ces Atlassiens-ci aident les entreprises dans leur gestion de projets avec des outils collaboratifs, parce que c’est en collaborant qu’on arrive aux plus grands exploits.

    Avec succès, puisque que les logiciels d’Atlassian sont aujourd’hui même utilisés par la NASA, Visa ou Tesla et ont rendu ses fondateurs riches. En particulier Michael Cannon-Brookes ; barbe et cheveux longs, la fortune du quadra cool est estimée par Forbes à 15 milliards de dollars (presqu’autant en euros).

    Pourtant ses logiciels sont gratuits ; Mike Cannon-Brookes (MCB) doit sa richesse à leur valorisation boursière. De l’argent en masse avec lequel l’Australien ne collectionne ni les supercars ni les jetskis ; à la place, il investit dans la transition énergétique. Et pas qu’un peu.

    Le Milliard-vert.

    Avec son épouse, Annie, il s’est engagé à donner 500 millions de dollars australiens à des ONG et sociétés impliquées dans la lutte contre le dérèglement climatique et 1 milliard d’investissements dans des projets le développement durable. Il a aussi profité de son influence, notamment sur les réseaux sociaux, pour inciter d’autres entrepreneurs à s’impliquer dans la transition énergétique.

    Cette année, MCB a, par exemple, obtenu d’Elon Musk la création d’un centre de fabrication de batteries Tesla en Australie. A la clé, des emplois et un tremplin pour le secteur de l’énergie renouvelable qui a grand besoin de stockages bon marché.

    Mais quand on co-gère une des sociétés cotée en bourse au NASDAQ, on ne se contente pas de dons et de lobbying, ; on s’implique. C’est pourquoi Mike Cannon-Brookes a relevé les manches et fait un gros coup : un rachat du premier producteur d’électricité d’Australie, la société AGL Energy.

    Souffler sur les charbons.

    Le 4e homme le plus riche d’Australie a lancé une OPA sur cette entreprise vieille de 185 ans, avec une offre de 8 milliards d’euros pour racheter ses actions. Un filon ? Si l'on veut : AGL possède des centrales à charbon, un secteur où l’Australie est n°1 dans le monde. Sauf que Mike rêve de les fermer, une à une.
    AGL a refusé son offre, mais "Magic Mike" a obtenu assez d’actions pour peser sur leur conseil d’administration. En mai dernier, Cannon-Brookes a fait échouer un plan de sauvegarde des centrales à charbon visant à les maintenir en état pour durer 20 ans. Lui veut les remplacer par des éoliennes et des infrastructures d’énergie verte, alors que le gouvernement australien préférerait soutenir le secteur du charbon... jusqu’en 2045.

    Notre Atlas n’attendra pas jusque là. Il a, l’an dernier, investi 152 millions de dollars (autant en euros) dans la société Sun Cable qui construit un parc photovoltaïque dans les déserts australiens.

    D’ici 2026, cette ferme solaire pourra produire jusqu'à 20 gigawatts d'électricité et fournira la ville de Darwin. L’année suivante, elle alimentera... Singapour. Oui, car pour traverser l’océan, Sun Cable construit l’Australia-Asia PowerLink : une liaison sous-marine, par le plus long câble à haute tension du monde (4200 kilomètres). 

    Ce mois-ci, Cannon-Brookes a déclaré que son activisme écologiste ne s’arrêtera pas là et qu’il envisage de refaire des OPA sur d’autres entreprises qui n’avancent pas assez vite en terme de neutralité carbone. Loin des clichés du siècle passé, Mike Cannon-Brookes montre qu'une nouvelle génération de milliardaires a poussé dans l’ombre de Bill Gates et cie et est maintenant arrivée à maturité. Si les dernières COP montrent que certainent gouvernements traînent la patte, un monde d'entrepreneurs semble prêt à les doubler par la droite. Ou par la gauche, c'est selon.

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