Minérale ou robinet ? Avant de boire, consultez ce "Yuka de l’eau"

A part son niveau de tartre qui donne mauvais goût et tue les lave-linges, que savez-vous de l’eau qui coule de votre robinet ? L’application Lyzo vous dit tout pour comprendre ce que vous buvez.
  • Vous connaissez Yuka ? Vous savez, c'est l'appli qui transforme votre smartphone en scannette de code-barres pour savoir ce que cache chaque produit hygiénique ou alimentaire. En l’utilisant, 25 millions de Français ont découvert le véritable taux de sucre, sel ajouté et nombre d’additif qu’ils ingurgitaient. Depuis 2017, l’appli a joué le rôle de lobby auprès des industriels qui ont retiré ou modifié leurs produits. Chapeau, on mange déjà mieux, merci. Et avec ça, vous buvez quoi ?

    Parce que vous devez en boire au moins 1,5 litre par jour, l'eau est aussi au centre de tout. Mais comment scanner ce qui sort de l'évier ? Heureusement, un petit malin a trouvé comment vous informer sur la qualité du robinet.

    Ça coule de source

    Sur Android comme sur iPhone, l’application s’appelle Lyzo et est parfaitement gratuite. Pas besoin de passer votre appareil sous le filet d’eau, il suffit de renseigner la commune de votre résidence (ou votre lieu de vacance par exemple) pour que l’application livre ses secrets.

    Ni capteur ni filtre, Lyzo ne contrôle rien, elle synthétise les données officielles du ministère de la Santé, mises à jour chaque mois. Car en France, l’eau est une des ressources les plus encadrées : son prix est plafonné et sa qualité contrôlée à tous les niveaux. Calcaire, pesticides, niveau de nitrates, pH, résidus à sec… tout est vérifié et transparent. Encore faut-il savoir lire et comprendre ces données. Or, c’est ce que Lyzo apporte en vulgarisant ces infos.

    Comme Yuka calcule un "éco-score", Lyzo affiche un code couleur, allant du vert (eau parfaitement conforme aux normes) à noir (non potable) en passant par l’orange (problèmes de conformité détectés) et rouge (potable mais déconseillée aux femmes enceintes, nourrissons et personnes sensibles). Et comme l’appli garde ces infos en mémoire, pas besoin de connexion pour la consulter.

    Et alors, qu’est-ce que ça dit ? Son créateur, l’informaticien Cyril Ledru qui vit près du Mans, a vraiment voulu simplifier l’accès à ses informations pour celles et ceux qui n’ont pas les connaissances scientifiques. Après tout, c’est un service public et notre santé qui est en jeu. Mais il se veut rassurant : « dans 80% des cas, l'eau de notre robinet est de très bonne qualité ». Euh, et les 20 % restants, ils sont dans quelle région... ?

    Qui a peur du grand méchant l’eau ?

    Il faut savoir que l’eau que nous buvons n’est pas la même partout en France. Elle n’est pas issue d’eaux recyclées (même si beaucoup de Français le croient, à tort), celles-ci passant par un réseau séparé. Dans 40 % des cas, elle est puisée dans des lacs ou cours d’eau proches des agglomération mais 6 fois sur 10, la captation se fait en sous-sol, par forage.

    Dans plusieurs régions, les Français se montrent méfiants. Nombreux sont ceux qui préfèrent se tourner vers de l’eau en bouteille. La France en consomme plus de 120 par personne chaque année. En cause, des contrôles présentant des seuils de pesticides dépassés, comme en Bretagne. Des études ont aussi démontré que le traitement de l’eau pour la rendre potable produit des trihalométhanes (THM) en minuscules quantités. Or celles-ci ont été liées scientifiquement à des risques (minimes) de développer un cancer de la vessie.

    Heureusement, l’Union européenne réglemente drastiquement ces niveaux et, finalement, le bénéfice pour la santé à ne boire que de l’eau en bouteille est infime. Alors que choisir ? Si vous pouvez douter, la planète a déjà la réponse.

    Pour dire du mal des robinets, il faut avoir du goulot

    Le cycle de production d’eau nécessite une captation, un acheminement et divers traitements. Tout un procédé qui a un lourd impact environnemental. Sans même parler des bouteilles en plastique, préformées à la chaleur donc à renforts de carburant fossiles.

    Des chercheurs espagnols ont évalué l’impact global de cette industrie, 3500 fois plus dégradant pour la planète que le cycle de l’eau du robinet. Yuka la crédite de 8 kilos de CO2 par litre d’eau produit, l’équivalent d’un trajet de 100 kilomètres en voiture. Ajoutez qu’une bouteille sur deux seulement est recyclée et le risque qu’elle finisse par flotter dans une rivière ou l’océan, et vous aurez votre réponse.

    Si cela ne suffisait pas, rappelons qu’en France, l’eau courante est la moins chère du marché ; son prix varie d’une commune à l’autre mais le contribuable la paie en moyenne 0,004 € le litre quand une bouteille coûte 0,70 € en moyenne. À noter que Yuka peut vous dire ce que contient cette bouteille prise au supermarché ; mais si vous êtes déjà passé à la gourde, Lyzo vous aidera désormais à comprendre ce que vous avalez.

    A lire aussi