Nos villes ne sont pas faites pour les enfants, et c'est un problème

La ville est-elle un truc d'adulte ? C'est en tout cas ce que laisse penser l'exode des jeunes parents vers la périphérie des grandes villes où ils trouvent généralement un environnement plus propice pour leurs enfants.
  • Il existe un phénomène désormais connu en urbanisme : c'est l’exode des jeunes parents hors des grandes métropoles françaises. Il s’agit d’un véritable mouvement car les grandes villes attirent énormément les jeunes pendant leurs études et leurs premières années de carrière. Et puis quelques années plus tard, elles perdent une grande partie de cette population active au profit de leurs communes limitrophes. 

    Prenons la ville de Nantes, par exemple. Elle attire chaque année près de 8 000 habitants en centre-ville, dont 77% ont entre 15 et 34 ans. En parallèle, elle perd tous les ans au profit de sa petite couronne 3 000 habitants, dont plus de la moitié sont de jeunes couples avec enfants. 

    En périphérie des métropoles, les jeunes parents retrouvent ainsi des conditions de vie plus adaptées à leur propre rythme (la métropole et donc le travail restent accessibles) ainsi qu’un environnement plus adapté pour les enfants : des maisons avec jardins, des rues plus calmes, une plus grande proximité avec la nature. 

    D’un point de vue écologique, cet exode vers la périphérie est cependant un problème. Cela pousse à l'artificialisation des sols et augmente les déplacements domicile/travail vers la métropole avec les conséquences que l’on connaît : embouteillages et pollution. Sans compter que la vie en banlieue, même proche, implique aussi des sacrifices sur le plan social et culturel.

    Alors, avouons-le, si nos villes étaient davantage construites pour les enfants, on pourrait s’y sentir mieux, et plus longtemps.

    C’est quoi une ville pour les enfants ? 

    Penser la ville pour les enfants, c’est repenser la gestion des biens communs. En particulier dans l’espace public : les rues, les trottoirs, les pieds d’immeubles, les parcs et les espaces verts ont besoin d’être aménagés différemment. On pense évidemment aux espaces verts ou au trafic automobile qui est un vecteur de danger. On pense évidemment à des trottoirs plus larges et des rues plus sûres. 

    Mais la ville pour les enfants, ça n’est pas que ça. Par exemple, dans un parc avec des jeux pour les tout petits, il n’y a souvent aucune activité pour les parents… ce qui devrait être le cas pour les inciter à davantage les fréquenter. Des espaces de promenades aérés, comme c’est souvent le cas sur les quais, manquent à l'inverse cruellement d’activités pour les enfants. 

    La ville pour les enfants, c’est aussi une ville avec des infrastructures de garde et d’éveil qui sont plus développées et plus facilement accessibles. Les crèches et les garderies en font partie. C'est aussi une ville qui s'adresse à tous les enfants. On peut d’ailleurs souligner à ce sujet les exemples de villes comme Grenoble ou Vannes qui ont récemment ouvert des aires de jeux adaptées aux enfants souffrant de handicap.

    Oslo, l’exemple Norvégien 

    Oslo est un bon exemple pour illustrer la fabrique de la ville pour les plus jeunes. Il y a quelques années, elle a décidé d’inclure les enfants dans sa réflexion autour des aménagements urbains, grâce à une application mobile appelée Trafikkagenten. 

    À l’aide de leurs téléphones mobiles, les plus jeunes suivaient une sorte de jeu de piste à l’intérieur de la ville, dans lequel ils prenaient le rôle d’un agent secret chargé de signaler les dangers sur le chemin entre la maison et l’école. Grâce aux données récoltées, la municipalité a ensuite pu aménager différemment certains axes : élargir les trottoirs, réduire la vitesse limite autorisée, afin d’apporter plus de sécurité aux plus jeunes. 

    En France, il existe des associations, comme l’association Récréations Urbaines, qui propose des ateliers et des formations pour construire la ville avec et pour les plus jeunes. Cela commence souvent par les cours d’écoles par exemple. C’est aussi ce que propose la startup Merci Raymond, qui accompagne la végétalisation des villes et le développement de l’agriculture urbaine. Elle intervient régulièrement dans des quartiers et des écoles pour inclure nos enfants dans des projets de potagers urbains. 

    Bref, il existe de nombreux aménagements et dispositifs à mettre en place pour que la ville soit un lieu d'accueil pour les plus petits... et plus agréable à vivre en famille. 

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