2022 M12 7
Omniprésent jusqu’au Moyen-Âge, le castor a été petit à petit décimé par la chasse, en Europe, jusqu’à disparaître complètement du paysage au début du 20ème siècle. Il a d’ailleurs fait partie des premières espèces protégées en Europe vers les années 1960 et a été depuis progressivement réintroduit récemment. En France, on en retrouve essentiellement dans le sud-est et particulièrement en Camargue.
Historiquement, le rôle de cet animal est crucial dans la gestion des paysages en raison de sa passion pour les barrages. Il faut savoir que, comme de nombreux rongeurs, le castor passe sa journée dans des terriers. Mais comme celui-ci vit sur les berges des cours d’eau, il a pris l’habitude de construire des barrages pour que l’entrée de ses terriers se retrouve sous l’eau, ce qui le protège de ses prédateurs.
Ces aménagements ont eu un rôle prépondérant sur la forme de nombreux cours d’eau, mais aussi sur la gestion des forêts alentour. Ce sont notamment les castors qui ont permis aux arbres des zones humides de prospérer et ils ont conditionné la création de nombreuses tourbières et autres zones humides qui sont aujourd’hui des puits de carbone essentiels à la lutte contre le réchauffement climatique.
En Angleterre, les castors réintroduits en 2013 ont réduit les inondations
Plus récemment, les scientifiques ont aussi découvert que leurs barrages permettent de réguler le débit de l’eau et la force des courants. Réintroduire massivement les castors dans nos cours d’eau pourrait donc être un outil naturel pour lutter contre les inondations.
C’est une expérience menée en Angleterre à partir de 2013 qui a permis de démontrer ce phénomène. Dans le sud du pays, aux abords de la rivière Otter, deux couples de castors ont ainsi été remis à l’eau. 5 ans plus tard, ils étaient 16 rongeurs à vivre dans la région. Ensemble, ils ont construit six barrages sur la rivière, et les scientifiques qui ont étudié de près leur retour dans la région ont démontré que les barrages des castors avaient participé à réduire le débit de l'eau et à atténuer les inondations.
De quoi militer pour la réintroduction de ces rongeurs sur l’ensemble du territoire européen ? Il faut faire preuve d’un peu de prudence sur le sujet et les naturalistes affinent leurs observations et appellent à ne pas se tromper de sujet.
« Attention, le castor ne peut pas tout faire, notamment quand il y a des crues importantes, comme lors de nos gros épisodes cévenols », rappelait ainsi récemment pour le quotidien reporterre le naturaliste français Gilles Larnac.
D’autres aspects positifs pour la biodiversité et le climat
Mais ce n’est pas tout, les barrages de castors ont également des conséquences positives sur la biodiversité. Les chercheurs ont découvert qu’en ralentissant le courant et le débit, les espaces entre chaque barrages permettaient de créer des “refuges” pour la reproduction de certaines espèces. À cet endroit, la population de truites à augmenté de 30% depuis la réintroduction des castors.
Par ailleurs, les barrages des castors fonctionnent également comme des “filtres” qui permettent de retenir les résidus d’engrais, de purin ou de fumier des exploitations agricoles locales, ce qui finit par avoir un impact bénéfique sur la qualité de l’eau de la rivière. Enfin, en participant à la gestion et à l’entretien des forêts avoisinant leurs cours d’eau, certaines études démontrent que le castor aide également à réduire les risques de propagation des incendies.