Près de Marseille, ils inventent une arme fatale anti-moustique saine et écologique

Avec leur aspirateur à moustiques, Pierre Bellagambi et Simon Lillamand proposent un outil qui pourrait permettre de faciliter la lutte contre le paludisme et d’autres maladies graves. Le tout avec une solution naturelle et écologique.
  • Vecteur de maladies telles que la dengue, le paludisme ou la fièvre jaune, le moustique est l'espèce qui tue le plus d'êtres humains chaque année. Et la lutte contre cet insecte génère en parallèle d'importants dégâts environnementaux à cause des produits chimiques utilisés, qui ne tuent pas uniquement les moustiques, mais aussi d’autres insectes, quand ils ne sont pas nocifs pour la santé humaine ou encore la qualité de l’eau. 

    Mais l’innovation créée par deux français, Pierre Bellagambi et Simon Lillamand, pourrait changer la donne. Originaires de la Camargue, ils connaissent bien les problèmes liés aux moustiques. En particulier l'effet nocif des pesticides classiques sur les oiseaux. Ils ont donc eu à coeur d’inventer un “aspirateur à moustique” qui ne comporte aucun produit nocif pour la nature ou la santé humaine. 

    Comment ça marche ? Eh bien c’est très simple. Il suffit juste de leur faire croire que le piège est un humain. 

    Ce boitier n'est pas un radar, mais un piège à moustique qui fait partie des 166 pièges installés dans la commune de Hyères

    Non, ce n'est pas la lumière qui attire les moustiques 

    L’idée de ce piège révolutionnaire appelé Qista est formidable : il simule la respiration de l’homme.  En effet, une femelle moustique peut pondre environ 200 œufs en 48 heures à condition de se nourrir au moins une fois par jour. Et sa nourriture favorite, c’est le sang humain. 

    Or, nous pensons à tort que les moustiques sont attirés par la lumière. Ce qui est partiellement faux. En vérité, ce qui les attire, ce sont nos odeurs corporelles et, surtout, le dioxyde de carbone que nous expirons et que les moustiques sont capables de détecter à plusieurs dizaines de mètres.

    Le piège inventé par Qista simule donc le rythme de respiration classique d’un humain, en expulsant du CO2 accompagné d’un mélange olfactif chimiquement proche de la transpiration. En parallèle, il aspire les moustiques qui s’approchent du piège. En moyenne, il permet de réduire de 80% la population de moustiques présent là où se situe le piège. 

    Aujourd’hui, plus de 4 000 bornes sont installée en France, en particulier dans le sud de la France et les DOM-TOM. La startup travaille aussi avec des ONG en Afrique afin d’en faire une arme de lutte contre le paludisme, notamment au Mali et au Sénégal. 

    Des outils essentiels pour éradiquer le paludisme 

    D’autres innovations naturelles émergent pour lutter contre les moustiques. On peut citer par exemple les Laboratoires Biopropection, qui vont bientôt commercialiser un spray anti-moustique non-toxique et 100 % bio-inspiré, issu des travaux du CNRS. 

    Un produit basé sur un mélange de plusieurs molécules naturelles de plantes répulsives pour les insectes. "La communication des insectes, notamment leur attraction par les plantes, n'est pas basée sur une molécule unique, mais sur des bouquets de senteurs. Nous avons appliqué le même principe à la définition d'un produit répulsif ", explique Claude Grison, directrice du laboratoire ChimEco du CNRS et co-fondatrice de Laboratoires Bioprotection 

    En cette journée mondiale de la lutte contre la paludisme, ces innovations sont une lueur d'espoir pour vaincre une maladie qui décime la planète depuis des années. En 2019, le nombre de nouvelles infections au paludisme tournait ainsi autour de 229 millions de personnes à travers le monde, dont environ 400.000 décès, principalement en Afrique, qui concentre 90% de la mortalité. Aujourd'hui, 87 pays sont encore affectés par le paludisme dans le monde.

    Mais des progrès sont à noter. par exemple, en 2020, 24 pays avaient réussi à interrompre la transmission du paludisme depuis trois ans ou plus, et sur ce total, 11 pays étaient déclarés exempts de paludisme. Avec ces nouvelles innovations naturelles et écologiques, nous possédons de nouvelles armes pour lutter contre cette maladie. L'OMS espère des progrès notables d'ici 2028 pour vaincre le Paludisme. 

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