2021 M03 1
Tout en cellulose, il ressemble un peu à une énorme boîte d’œuf. Le cocon funéraire Nidoo se positionne comme une alternative à la crémation, l’unique solution proposée jusqu’à présent par les cliniques à la mort d'un animal domestique. « Aujourd’hui, les familles n’ont pas trop le choix. Le vétérinaire qui va procéder à l'euthanasie ne propose pas vraiment autre chose que l’incinération individuelle ou collective. En sondant les professionnels et les particuliers, on s’est aperçu qu’il y avait un vrai besoin » raconte Laura Iriard qui a créé Nidoo avec Arthur Trichelieu en 2017.
« Le principal intérêt du cocon c’est d’apporter une solution à ceux qui veulent ramener leur animal à la maison et l’enterrer chez eux de manière digne » poursuit-elle.
« La fin d’une vie est le début d’une autre. »
Dans le processus de création de ce cocon funéraire, Arthur s’est souvenu, qu’enfant, il avait apprécié que son père plante un romarin sur la tombe de sa chienne. A chaque fois qu’il regardait la plante s'épanouir dans son jardin, ça lui rappelait les heureux moments passés avec son canidé. Alors des années plus tard, l’idée d’un drôle de cercueil pour offrir une seconde vie après la mort de son animal a commencé à germer…d’abord dans sa tête.
Tous les deux designers de formation, les compères ont imaginé le cocon Nidoo -tout le monde comprend le jeu de mots- pour y placer le défunt, d’un poids qui ne peut excéder 8kg. « Au départ, on pensait surtout s’adresser aux enfants pour qui la disparition du hamster ou du chat est une première confrontation à la mort. L’objectif était de leur montrer de manière pédagogique que la fin d’une vie est le début d’une autre, qu’il y a un vrai cycle. Alors on a intégré des graines qui sont fournies avec le cocon sous la forme de palets en fibres de coco » explique Laura. Et dans les graines, il y a des plantes à fleurs…qui vont pousser !
Une réincarnation en lilas commun
Pour que ça marche à tous les coups, les deux entrepreneurs ont dû sélectionner des essences de plantes avec un fort taux de germination et capables de s’adapter à tous les climats. Leur choix s’est fixé sur un lilas commun -qui sent bon donc- et un mélange mellifère (butinable par les abeilles) de coquelicots, de bleuets et de pissenlits. A l’inhumation de l’animal, les palets sont placés en surface sur le cocon. Il n’y a plus qu’à attendre que ça pousse. « Les gens sont très attachés à ce que ce soit une espèce fleurie » précise Laura avec compassion. « On peut faire une cérémonie funéraire en famille, l’enterrer, l’arroser, ce sont des étapes qui vont être intégrer au processus de deuil. C’est moins violent que de laisser l’animal chez le vétérinaire et de rentrer à la maison, de constater le vide …et se dire que voilà c’est fini ! »
Arthur et Laura ont laissé sur le cocon une surface pure et immaculée que la famille peut s’approprier en dessinant dessus. « Ça a une dimension thérapeutique pour les enfants qui ont du mal à mettre des mots sur ce qu’ils ressentent. Avec le dessin, ils peuvent exprimer tous les sentiments normaux d’un deuil comme la colère, la tristesse… » détaille la co-fondatrice de Nidoo.
Une urne funéraire en mycelium de champignon bientôt disponible
Précision : la loi française n’autorise l’enterrement d’un animal de compagnie dans un jardin privatif qu’à la condition qu’il pèse moins de 40 kg, qu’il soit inhumé à plus d’un mètre de profondeur et à plus de 35 mètres de tout point d’eau et de toute habitation.
Avec toutes les contraintes légales et fonctionnelles à l’esprit, Nidoo vient de sortir un nouveau produit pour les animaux un peu plus gros que 8 kg. A base de coton biodégradable facilement enterrable, l’enveloppe funéraire est comme un linceul. Elle est cousue par des personnes en situation de handicap dans un ESAT, un établissement et service d'aide par le travail spécialisé en couture.
Enfin, dans les semaines à venir, pour les animaux de toute taille et d’un poids même supérieur à 40 kg, une urne funéraire sera bientôt au catalogue. Elle est fabriquée à base de mycelium de champignon par la société Embelium, l’entreprise qui cultive des emballages et que les Eclaireurs connaissent déjà. Comme le cocon, elle peut être mise en terre… avec des palets aussi.