Lucy Clark, première arbitre de foot transgenre à être reconnue par la fédération anglaise

Dans un récent entretien, Lucy a indiqué que le football avait « sauvé sa vie ». Et pour la première arbitre transgenre d’Angleterre, qui a été reconnue par la fédération anglaise de football (FA) en 2018, ce ne sont pas des paroles en l’air.
  • Depuis toute petite, Lucy adore le football. Et depuis toute petite, elle sait aussi que son genre de naissance — Lucy est née avec des attributs masculins — ne correspond pas à qui elle est vraiment. À 14 ans, dans sa banlieue de Londres, elle arbitre son premier match et vers l’âge de 30 ans, elle officie en troisième division. Durant plus d’une dizaine d’années, jusqu’en 2015, l’Anglaise foule les terrains de football. Elle n’a pas encore réalisé sa transition. Mais quand elle prend la décision d’acter ce changement, elle fait face à un dilemme : arrêter le football pour poursuivre sa transition sans être discriminée ou alors continuer d’arbitrer et faire une croix sur son identité. Le soutien de sa femme, April, lui permet d’aller de l’avant et d'opérer son changement de genre.

    La diversité sur les terrains

    Le 19 août 2018, à 45 ans, elle siffle le coup d'envoi de son premier match semi-professionnel en tant que Lucy Clark, c'est-à-dire en tant qu'arbitre transgenre. Une première. La fédération anglaise de football (FA) écrit dans un communiqué : « La FA soutient pleinement Lucy et toute autre personne qui souhaite participer au football dans son genre de préférence ». Au magazine Têtu, Lucy raconte :

    « J'étais concentrée, comme pour la centaine de rencontres que j'ai pu arbitrer dans ma vie. Mais celle-ci était différente. C'était la première fois où j'ai été complètement moi-même. »

    Et c’est encore plus poignant quand on sait que Lucy a failli ne plus jamais arbitrer de sa vie.

    Quand elle décide de faire sa transition, Lucy a des doutes. Comme l’écrit le journal britannique The Mirror dans un article consacré à l’arbitre, il y avait des soirs où elle brûlait ses vêtements et où les doutes l’envahissaient, au point de vouloir tout arrêter. Ses inquiétudes portaient aussi sur le football — un milieu encore hostile aux personnes LGBTQIA+ — et sur comment ce sport allait réagir face à sa transition. En réalité, Lucy est persuadée que 2017-2018 sera sa dernière saison en tant qu’arbitre de football. La même année, en décembre 2017, la Londonienne subit plusieurs crises cardiaques, dont une relativement grave. Elle est hospitalisée et passe les fêtes de Noël alitée.

    La peau dure

    Un épisode de sa vie qui lui fait prendre conscience de deux choses. La première ? On n’a qu’une vie. La deuxième ? Elle veut continuer à vivre pleinement sa passion. Le choix est alors pris : Lucy va continuer d’arbitrer et assumer pleinement qui elle est. Dès sa première saison en tant que femme transgenre, elle arbitre plus de 50 matchs. « Ma phrase préférée c’est de dire que je suis arbitre et transgenre, et donc que j’ai la peau la plus dure que l’on peut avoir », confesse l'Anglaise au journal The Mirror. 

    Depuis maintenant cinq ans, au-delà d’arbitrer des matchs féminins, Lucy milite pour que les personnes transgenres soient acceptées dans le football, et plus largement dans le sport et la société. Elle a aussi créé la première équipe de football composée uniquement de femmes transgenres — TRUK United — qui a joué son premier match en 2022. « Je crois fermement qu'une fois que nous aurons joué ce match, il y aura des hommes transgenres qui se diront : ‘‘je peux jouer au football et je veux jouer au football’’ », avait déclaré Lucy au site Pink News avant la recontre.

    Selon elle, le football, qui est le sport le plus populaire dans le monde, devrait aussi être le plus inclusif. Et même si son exemple prouve que des efforts sont faits dans cette direction, il reste encore beaucoup de buts à marquer avant que les personnes LGBTQIA+ puissent enfin crier victoire.

    Crédit photo Une : Lucy Copsey

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