2022 M07 22
La question des athlètes transgenres divise le monde du sport depuis un moment. Le 19 juin dernier, dans un communiqué, la fédération française de natation a annoncé la création d'une « catégorie ouverte » pour les athlètes transgenres. Une bonne nouvelle inclusive pour certain.e.s, une subtile forme d'exclusion pour d'autres...
Inclure pour exclure?
75 % des votes des membres de la FINA ont été en faveur de la création de cette catégorie supposée « inclusive ». Quelques conditions s’appliquent cependant : les nageuses transgenres ne pourront concourir dans les catégories féminines que si leur transition a eu lieu avant leur puberté et qu’elles présentent un taux de testostérone suffisamment bas. Pour le président de la fédération nationale, Husain Al-Musallam :
« La FINA accueillera toujours tou.te.s les athlètes. La création d’une catégorie ouverte signifiera que chaque personne aura la possibilité de concourir avec les élites. Ça n’a jamais été fait, donc la FINA ouvre la voie. Je veux que chaque athlète se sente légitime à apporter ses idées durant ce processus. »
D’un côté, certain.e.s scientifiques affirment que la transition hormonale et la suppression de la testostérone (plus ou moins tardive) influe sur les capacités d’une athlète, notamment sur sa masse musculaire. De l’autre, la sociologue historienne du sport Anaïs Bohuon a déclaré au Huffpost :
« Tous les records olympiques sont le fait d’hommes. Mais ces records s’inscrivent dans une histoire et ne sont pas la résultante de quelque chose de naturel. »
Des athlètes victorieuses, mais décriées
Des propos qui ne changent pas l’accueil très mitigé face aux prouesses sportives de Lia Thomas. À 22 ans, cette championne transgenre s'est fait connaître, après sa transition, pour avoir remporté un titre universitaire en mars 2022 à Atlanta. Une victoire qui a fait réagir nombre de ses concurrentes, mais aussi le premier ministre britannique Boris Johnson, qui a déclaré : « je ne crois pas que les hommes biologiques devraient participer à des événements sportifs féminins ».
Good morning from Atlanta! #LiaThomas and #IszacHonig will be back in the pool today at the #NCAA National Championships. Protesters are back, too. And I'm on press row to share stories as they happen!
— Dawn Ennis (She/Her/Hers) (@lifeafterdawn) March 18, 2022
This Getty photo's being widely shared by haters. Here's the real story: 1/ pic.twitter.com/B4T5v089yX
Deux jours plus tard, l’international Rugby League a décidé d’interdire aux personnes transgenres de jouer les matchs internationaux féminins… et ce jusqu’à ce qu’une « politique d'inclusion complète » soit établie. L'ancienne rugby woman transgenre Caroline Layt, aujourd'hui journaliste et militante, a laissé éclater sa colère auprès de l'AFP : « En gros, ce qu’ils disent, c’est : nous ne voulons pas de vous ».
L’année dernière, aux JO de Tokyo, l’haltérophile néo-zélandaise Laurel Hubbard est devenue la première athlète transgenre à participer à une épreuve individuelle. Une autre pionnière… et encore des critiques. Paradoxalement, la participation des athlètes transgenres aux compétitions masculines divise moins. Pour ne pas avoir à trancher, le Comité international a estimé que la situation concernant les athlètes transgenres devait être clarifiée par les instances de chaque discipline.
On devrait donc voir nager, dans une catégorie spéciale, des femmes transgenres aux JO de 2024 à Paris. Seront-elles les seules athlètes à participer à la fête ? Les diverses fédérations ont encore deux ans pour décider. Une chose est sûre, quelles que soient les décisions prises, elles risquent encore de faire des remous.