2021 M08 31
Même si en 2021 une partie de la population se définit encore comme "antivax" (avec une méfiance accrue envers les injections anti-Covid, considérées comme "découvertes à la va-vite"), ne perdons pas de vue les faits : au cours des dernières décennies, la découverte par la médecine de centaines de vaccins a permis de sauver des millions de vies, changeant la face de l’humanité pour toujours.
Au-delà des polémiques, fondées ou non, car nées soit dans des oppositions politiques, soit dans la peur irrationnelle des progrès de la science, soit dans de véritables scandales sanitaires marquants, ce coronavirus est loin d’être la première maladie à être traitée, voire éradiquée, à coups de piqûres.
La variole est un bon exemple du succès incontesté de la médecine, et surtout le tout premier vaccin de l’histoire, par le Britannique Edward Jenner. Éradiqué le 29 octobre 1979 de la surface de la terre, après des campagnes de vaccination massives et non sans avoir tué 300 millions de personnes durant le cours du 20ᵉ siècle, le virus est aujourd'hui conservé au centre de contrôle des maladies d'Atlanta, aux États-Unis, ainsi que dans un centre de recherche russe, à Novossibirsk.
"La France n'en dispose plus depuis quelques années, mais il n'est pas exclu que certains pays aient conservé la souche", explique le site Caducee.net, destiné aux professionnels de santé.
Rage, polio, d’immenses succès… entachés de scandales sanitaires
Le plus connu des vaccins est sans aucun doute celui que le Français Louis Pasteur a découvert contre la rage, cette encéphalite virale qui se transmet des animaux à l’Homme, alors que l’on ne sait toujours pas si la chauve-souris ou le pangolin sont réellement à l’origine de la pandémie Covid-19.
Aussi surprenant que cela puisse paraître, la rage n’est pas entièrement éradiquée ; elle tue aujourd’hui environ 60 000 personnes par an, principalement dans les pays en voie de développement. "Autrefois associée aux chiens, la rage est aujourd’hui surtout transmise par les loups, chacals et autres coyotes", précise l’Organisation Mondiale de la Santé. Une OMS dont l’objectif est de se débarrasser une bonne fois pour toutes de cette maladie d’ici à 2030.
En France, en plus de la rage, c’est la poliomyélite (plus connue sous le nom de polio) qui est dans toutes les têtes lorsqu’on évoque un exemple de vaccin à l’efficacité redoutable. Grâce à lui, la maladie a aujourd’hui disparu de notre pays, et de la majorité des contrées.
Il y a un an, la Région africaine de l'OMS a été certifiée exempte de poliomyélite sauvage. Ces progrès se poursuivent pour éliminer toutes les formes du virus en Afrique et pour #EndPolio for good. https://t.co/CgZnHBd1iI
— Cyril NOIRTIN (@noirtin) August 27, 2021
Ce virus a(vait) pour particularité d’attaquer l'intestin, le sang, puis le système nerveux, entraînant paralysie et mort. Une personne atteinte sur dix mourait en effet des suites d’une infection à la poliomyélite. Pour les survivants, il existait ces fameux "poumons de fer", qui aidaient à respirer, mais demandaient une immobilisation permanente dans une sorte de cage en métal. Pour beaucoup de victimes cependant, ce furent les membres inférieurs qui furent touchés.
C’est en 1905 que le médecin suédois Ivar Wickman prouva que la polio était une maladie "infectieuse et transmissible". Une vague successive de vaccins, en 1952 puis 1961, ont permis de réduire petit à petit les niveaux de polio aux États-Unis et en Europe.
Malheureusement, en 1955, une erreur médicale, désormais régulièrement utilisée par les sceptiques pour discréditer les progrès de la médecine en matière de vaccins, est venue porter un coup à ces admirables avancées aux États-Unis : les laboratoires Cutter, qui avaient produit plus de 100 000 doses contenant le virus vivant de la polio, ont, à terme, empoisonné 160 enfants, dont 10 sont décédés.
Aujourd'hui, en "milieu naturel", la polio n'existe qu'en Afghanistan et au Pakistan.
Rougeole, paludisme… des combats divers
Contre toute attente, la rougeole continue de tuer 140 000 personnes par an, et ce, alors qu’un vaccin est disponible depuis 1963. Les complications de ce virus hautement infectieux, qui se propage par des gouttelettes provenant de la toux, des éternuements ou d'un contact direct, entraînent diarrhée, pneumonie et inflammation du cerveau...
Partout où les immunités collectives sont inférieures à 95%, la rougeole peut ressurgir et tuer. Ce qui est actuellement le cas en Europe. Il y a deux étés à peine, la République démocratique du Congo dut faire face à "la pire épidémie de rougeole au monde, qui a tué plus de 7000 enfants".
Un autre tueur, le paludisme. L’immense majorité des décès se produisant en Afrique, les citoyens des pays riches ne se soucient de cette maladie uniquement lorsqu’ils voyagent, prenant parfois un médicament préventif pour éviter qu’une piqûre de moustique devienne un cauchemar.
Cependant, sur le continent africain, les moustiques femelles de type Anopheles infectent régulièrement la population avec le plasmodium, un parasite mangeur de chair humaine. "En 2019, on estimait à 229 millions le nombre de cas de paludisme dans le monde", déclare l’OMS. "Les enfants âgés de moins de cinq ans constituent le groupe le plus vulnérable : en 2019, ils ont représenté 67 % des décès imputables au paludisme dans le monde, soit 274 000".
Avec un financement de 3 milliards de dollars en 2019, le tout premier vaccin est en cours de déploiement… mais, pour le moment, il ne serait efficace qu'à 40 %, soit un taux beaucoup plus faible que les autres vaccins existants. Battre cette maladie changerait la face de l’Afrique… et du monde.