2021 M12 13
Et si nous nous en remettions aux animaux pour nous aider à survivre ? Le sujet a fait son retour dans le débat public suite à une expérience réussie fin octobre à New-York. Là-bas, un rein de porc a été greffé avec succès à un humain sans observer de rejet immédiat de l’organe.
Qu’on se rassure, le test a été effectué sur une patiente en état de mort cérébral, et avec l’accord de sa famille. En outre, le rein a été maintenu à l’extérieur du corps afin de pouvoir être observé pendant plus de deux jours. Et, à la surprise du corps médical, il n’y a pas eu de rejet immédiat de l’organe. Mieux, le rein a pu fonctionner normalement. Une prouesse qui intéresse de nombreux chercheurs à travers le monde et qui ouvre la voie à une nouvelle manière de faire face à la pénurie d’organes.
Pour cela, les chercheurs ont tout de même dû utiliser un porc génétiquement modifié afin d'annihiler un sucre, présent naturellement chez le porc, et qui provoque généralement un rejet immédiat des organes. Ce porc, baptisé “GalSafe”, pourrait alors venir en aide à des centaines de milliers de personnes à travers le monde.
« Rien qu’aux États-Unis, on estime que 90 000 personnes sont en attente d’une greffe de rein actuellement. »
En 1964, un homme a survécu 90 minutes avec un coeur de chimpanzé
Cette ambition soulève néanmoins des questions éthiques et des questions sur le bien-être animal. Est-ce qu’il n’est pas possible de fonctionner autrement pour généraliser le don d’organes ? Allons-nous, demain, élever des porcs uniquement pour leurs organes ? À l'heure où la préservation de la biodiversité est une priorité, que penser de l'exploitation animale à des fins médicales ?
Pour le moment, d’autres chercheurs imaginent déjà que les porcs GalSafe puissent ouvrir de nouvelles perspectives de greffes, par exemple des valves cardiaques ou des greffes de peau.
En 2018, déjà, une équipe menée par des médecins de l’Université de Munich a annoncé dans la revue Nature être parvenue à greffer des cœurs de porcs chez des babouins. L’un d’entre eux a survécu durant 195 jours. Un parallèle qui n’est pas anodin car, pendant de longues années, les singes ont été considérés comme les meilleurs donneurs en raison de leur proximité génétique avec l'Homme.
C’est d’ailleurs en 1964 que la première expérience de transplantation d’un cœur de chimpanzé à celui d’un homme a été testé. Le patient, un homme muet qui vivait dans la rue et appelé Boyd Rush, n’a survécu que 90 minutes. Cependant, avec les avancées récentes en matière de biotechnologies et d’OGM, ainsi que la découverte d’une meilleure compatibilité entre les porcs et les humains, la xénotransplantation a peut-être de l’avenir devant elle.