miscanthus wikicommons (c) Katrin Schneider

50% moins cher que le fioul : chauffez-vous au Miscanthus !

On dirait un roseau mais cette plante est peut être l’avenir de votre chaudière. De la Normandie à l’Alsace, on se l’arrache pour faire baisser les factures de chauffage.
  • Dans le Haut-Rhin, les hivers sont secs et froids. Mais à Bernwiller, non loin de Mulhouse, on a trouvé une solution pour ne plus s’en inquiéter : on se chauffe au miscanthus. Ce n'est pas un carburant de synthèse, mais une plante séchée. La mairie possède une chaufferie centrale qui alimente mairie, école, ainsi que tous les bâtiments publics ; une cinquantaine de logements proches en bénéficient également. Or depuis 10 ans, ce chauffage central ne tourne plus ni au fioul ni au bois mais avec les résidus d’une plante locale.

    Faites pousser le chauffage

    Il ne s’agit pas du petit graminée mais du miscanthus géant (ou miscanthus x giganteus), une plante à tige rappelant la canne à sucre, parfois aussi appelée "roseau chinois" ou "herbe à éléphant", et qui peut atteindre 4 mètres de haut. Étant particulièrement riche en lignocelluloses, ses fibres sont parfaites pour la biomasse.

    Comme l’a décrit l’agriculteur Loïs Point en 2018, « le miscanthus est une excellente alternative écologique et économique au bois car son pouvoir calorifique est bien supérieur ». Quand une tonne de bois brûlée produit 3300 kWh, le foin de miscanthus en dégage 4700 kWh. Champion.

    Comparons : la crise que connaissent les énergies a amené le bois à 0,12 €/kWh, le gaz à 0,085 €/kWh et l’électricité au-delà de 0,19 €/kWh (source : Secletra). Pendant ce temps-là, le maire de Bernwiller déclare à France 3 se faire livrer 80 m3 toutes les semaines pendant l’hiver pour deux fois moins cher que le fioul. Facture à la main, des habitants annoncent un coût de 7 centimes le kilowattheure. Plus bas, le prix serait sous terre.

    Un coût d’autant plus faible que la plante est récoltée non loin du village. Pas besoin de l’importer ni par bateau ni par camion : des exploitants voisins en font pousser 27 hectares. Car si le miscanthus est un combustible peu coûteux, c’est aussi un petit miracle agricole.

    Plus écolo que les arbres

    De longues tiges enrobées de non moins longues feuilles qui toutes deux résistent au vent et aux pluies avant de sécher d'elles-mêmes. Une récolte annuelle produit environ 15 tonnes de ce foin pour un hectare de culture. Une rente qui nécessite peu d’eau et aucun intrant chimique, selon l’association de promotion France Miscanthus. Parfait pour le sol alsacien et adapté à de nombreux terroirs français. Car notre roseau chinois a un autre avantage net : il faut au moins 50 ans pour qu’un arbre soit exploitable. Le miscanthus planté repousse pendant deux décennie et fleurit chaque année…

    Les permaculteurs le connaissent bien aussi pour le paillage des sols qui évite des dépenses inutiles en eau, repousse les limaces et attire les nids de nombreuses petites bêtes utiles à la biodiversité. Récolté il sert aussi d'isolant.

    On ne s’étonnera pas de voir de plus en plus d’agriculteurs s’y mettre : plus de 2000 exploitants en produisent désormais et 80 % de la production sert pour le chauffage. De Brumat, en Alsace, à Villy-Bocage dans le Calvados, en passant par Verrières dans l'Orne, les cultivateurs se font passer le foin.

    Crédit photo de Une : Wikicommons / Katrin Schneider (c)

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