2021 M12 20
D’après une étude réalisée par l’organisme Kantar Public dans près de 10 pays, dont la France et les États-Unis, près de 46% de la population pense ne pas avoir vraiment besoin de changer leurs comportements face à l’urgence climatique, dont 39% qui pensent que leurs habitudes personnelles ne changeront pas la donne. De nombreux sociologues ont d’ailleurs planché sur ces mécanismes - propres à l’humain - qui nous font souvent regarder ailleurs.
Alors, comment faire face aux excuses de l’inaction ? Voici quelques conseils qui pourraient s’avérer utiles lors de vos repas de fête.
Excuse N°1 - De toute façon, c’est trop tard, on ne pourra pas inverser la tendance
C’est la première excuse de l’inaction climatique, souvent ressortie par des personnes un peu fatalistes. Cependant, dire cela, c’est un peu comme regarder sa cuisine brûler en disant “trop tard, je peux pas sauver les autres pièces”. Personne ne fait ça. Quand le feu se déclare, on cherche à l’éteindre pour sauver ce qui peut l’être. La cuisine brûlera certainement, mais pas le reste de la maison. Eh bien pareil pour le climat. D’ailleurs, la communauté scientifique, le GIEC en tête, ne cesse de le marteler : “nous avons encore le temps de faire les changements nécessaires pour vivre dans un monde soutenable”. Alors, oui, on aurait dû se bouger avant. Mais ne cédons pas au fatalisme, on peut encore éviter le pire.
Excuse N°2 - De toute façon, les gens ne voudront jamais changer leurs habitudes
C’est faux. D’ailleurs l’étude citée en intro de cet article le prouve : 54% de la population pense qu’il est important de changer ses habitudes. Il n’y a qu’à regarder, aussi, la jeunesse de ce monde se lever et aller marcher dans la rue, s’inviter à l’ONU ou lors des COP, se mobiliser sur les réseaux. Alors oui, on pourrait aimer que ça aille plus vite, mais regardons aussi le positif. Par exemple, qui aurait parié que des maires écolos soient élus dans de grandes villes comme Bordeaux ou Lyon ? Changer, ça prend du temps. Mais oui, les gens sont prêts.
Excuse N°3 - De toute façon, même si je suis un parfait écolo, ce sont les entreprises et gouvernements qui polluent le plus
Oui, en effet, un individu polluera toujours moins qu’une entreprise comme le groupe Total. Mais c’est aussi vrai de dire que les torts et les habitudes sont partagées. C’est pas parce que Total vend du pétrole qu’on est obligé de prendre sa voiture tous les jours. Ça n’est pas parce qu’il y a de la viande au supermarché qu’on est obligé d’en acheter. Après, on ne peut évidemment pas demander uniquement aux individus de régler tous les problèmes par eux-mêmes. Mais des études le prouvent, adapter nos comportements personnels, ça réduirait de 25% les émissions de gaz à effet de serre. C’est quand même pas rien.
Excuse N°4 - De toute façon, la France, c’est que 1% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, alors que [Insérez le nom d’un pays qui fait + ici]
C’est l’un des arguments qu’on entend le plus. “Les Chinois polluent plus que nous”, “les Allemands ils ont du charbon”, “c’est pas moi c’est les autres”. En suivant ce schéma, plus personne ne ferait rien puisqu’il y aura toujours quelqu’un d’autre qui polluera davantage. Ça n’est pas parce que la cuisine brûle plus vite chez le voisin qu’il ne faut pas éteindre l’incendie chez nous. Et surtout, n’oublions pas que ces pays - la Chine ou les USA - polluent aussi beaucoup en produisant des smartphones, des vêtements, des accessoires IT ou des accessoires de mode que nous sommes très contents d’acheter. Le changement climatique est global, il touche tout le monde, et on a besoin que tout le monde s’y mette, même ceux qui ne représentent qu'un petit pourcent du problème.
Excuse N°5 - De toute façon, si on baisse nos émissions, d’autres pays vont en profiter à notre place
Tonton aime bien citer le fait que les russes et les américains, par exemple, vont gagner beaucoup d’argent en exploitant le pétrole du pôle nord, et qu’on devrait faire comme eux pour ne pas se faire distancer économiquement ou géopolitiquement. Puisque le monde est une jungle, alors il faut se comporter comme un prédateur. Pas question de se laisser doubler par les autres. Sauf que ça n’est pas vrai, puisque les pays qui développent des politiques d’adaptation et d’autres manières de vivre auront aussi, demain, un avantage comparatif important. D’ailleurs, cela se ressent déjà du point de vue des consommateurs, qui privilégient les marques responsables aux marques polluantes. En d’autres termes, ce qui va bénéficier à certains à très court-terme ne leur rapportera pas autant de bénéfices à long-terme.
Excuse N°6 - De toute façon, ils ont dit qu’on serait neutre en carbone en 2050, donc pas la peine de s’exciter
Eh oui, ils l’ont dit… ils l’ont dit… Mais les grandes annonces faites par les gouvernements et les entreprises ne sont pas toujours suivies d’effets concrets. Après la COP21, on avait dit qu’on limiterait le réchauffement climatique à +2°C au maximum, sauf que la trajectoire actuelle nous emmène vers un monde à +2,7°C. Raison pour laquelle il faut continuer d’agir. Quand la maison brûle, on ne fait pas la sieste en attendant que les pompiers arrivent.
Excuse N°7 - De toute façon, l’homme s’est toujours adapté et la technologie va nous sauver
C’est l’un des arguments les plus utilisés : l’homme sait s’adapter grâce à la technologie. Fort d’un passé glorieux, on hypothèque alors notre survie sur des technologies qui n’existent pas aujourd’hui, qu’on ne sait pas encore développer, qu’on mettra du temps à mettre sur le marché et… dont l’efficacité n’est que théorique. Évidemment, c’est séduisant, mais quand la cuisine brûle, mieux vaut appeler les pompiers tout de suite plutôt qu’attendre qu’une technologie pas encore inventée et pas encore installée ne fasse le travail.
Les excuses pour ne pas changer sont évidemment nombreuses et peuvent toucher à d'autres domaines que celles-ci, mais on espère que ces quelques conseils vous permettront de débattre sereinement en famille, sans animosité, ce qui reste évidemment l'essentiel.