2023 M08 1
Dans nos sociétés moderne où les achats compulsifs, l’obsolescence programmée et la fast-fashion sont devenus la norme, a émergé une tendance qui cherche à renverser cette dynamique : le mouvement du « no wash » ou du « low wash » de vêtements. C’est-à-dire : ne pas laver ses vêtements aussi fréquemment que d'habitude. Les partisans de ce nouveau concept estiment qu'en lavant moins, nous réduisons la consommation d'eau, d'énergie et de produits chimiques... et surtout nous rejetons moins de micro plastiques dans les océans.
D’après l’ADEME, le lavage et le séchage du linge représentent 6,4 % de nos factures d’électricité, par ailleurs un seul cycle de machine nécessite près de 50 litres d’eau. Mais l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie précise également que : « Le plus gros problème réside dans les microparticules de nylon, polyester, élasthanne ou acrylique rejetées par la machine à laver. Émanant de nos vêtements, elles sont trop petites pour être filtrées par les stations d’épuration, elles finissent leur course dans l’océan. C’est la principale source de pollution des océans devant les sacs plastiques. » En prolongeant la durée de vie de nos chemises et pantalons sans trop les laver, nous contribuons donc à préserver nos ressources naturelles et à réduire notre empreinte écologique.
Privilégier la qualité et non la quantité
Ce mouvement s'inscrit également dans une perspective minimaliste, prônant la simplicité et la réduction de la surconsommation. L’idée étant de nous inciter à acheter moins de fringues basiques et à nous concentrer sur des articles de meilleure qualité. Cela permet de créer une garde-robe plus durable et plus réfléchie, composée d'articles essentiels et polyvalents. En 2019, la créatrice Stella McCartney a fait la une du quotidien Britannique The Guardian en déclarant : « En gros, dans la vie, règle d'or : si vous n'avez absolument rien à nettoyer, ne le nettoyez pas. Je ne change pas mon soutien-gorge tous les jours et je ne jette pas des trucs dans une machine à laver parce qu'ils ont été portés. Je suis moi-même incroyablement hygiénique, mais je ne suis pas fan du nettoyage à sec ou du tout nettoyage, vraiment. »
Résultat : aujourd’hui plusieurs marque proposent des collections à base de matières comme la soie ou le mérinos, qui gardent moins les odeurs de transpirations ou de cuisine. Exemple, la marque américaine Wool& qui commercialise des robes en laine mérinos dont la vente s'assortit d'un défi : porter la même robe tous les jours pendant 100 jours afin de diminuer les lessives. Évidement certains craignent que cette pratique entraîne des problèmes d'hygiène, en particulier pour les vêtements portés près du corps ou en contact direct avec la peau.
Trop laver un vêtement c'est le détruire
« L'une des pires choses que vous puissiez faire à un vêtement, en termes de durabilité, est de trop le laver. » C’est l’avis de Mark Sumner, maître de conférences en mode durable à l'Université de Leeds. Même si le chercheur anglais ne préconise pas d'interdire les machines à laver. « Nous ne voulons pas que les gens pensent qu'ils ne peuvent pas laver leurs affaires parce qu'ils détruisent la planète », déclare-t-il à BBC Culture. « Il s'agit d'essayer de trouver le bon équilibre. Laver les vêtements est important pour des raisons médicales et d'hygiène. Par exemple pour les personnes souffrant d'eczéma qui essaient d'éviter les irritations causées par la multiplication de nos bactéries cutanées naturelles à l'intérieur de nos vêtements. Il est également important pour l'estime de soi des gens de ne pas se sentir gênés par leurs vêtements parce qu'ils sont sales ou malodorants ».
Il est donc important de faire preuve de discernement et de prendre en compte les besoins spécifiques de chaque vêtement. D’ailleurs, le « no wash » ne signifie pas une absence totale de nettoyage. Les « no washer » recommandent l'aération des vêtements après les avoir portés, afin de les rafraîchir naturellement. Ainsi qu’un nettoyage ciblé, en éliminant les taches ou les odeurs, sans avoir besoin d'un lavage complet.
Finalement, ce mouvement trouve sa place dans une volonté croissante de vivre de manière plus responsable. Ce n’est pas une solution universelle, mais plutôt une invitation à repenser nos habitudes de consommation et à adopter une approche plus réfléchie vis-à-vis de nos vêtements. En effet, en combinant le minimalisme et l'écologie, les « no washer » nous rappellent que nous pouvons tous contribuer, à notre échelle, à préserver notre planète.