

Ils plongent sous la banquise pour la planète
Trois jeunes se mouillent contre le réchauffement climatique. Durant trois semaines, ils ont plongé sous la banquise du Grand Nord canadien. Leur but : sensibiliser les jeunes à la préservation de la planète.
2022 M07 18
Au départ, Thibaut, Loris et Maelys sont bouleversés par le constat implacable de l’ONU qui prédit que, d'ici 2050, 250 millions de personnes dans le monde deviendront des réfugiés climatiques. En cause, l’accélération du réchauffement climatique qui devrait également engendrer de multiples catastrophes -ouragans, cyclones, feux, inondations- impactant cette fois près de 2,5 milliards d'êtres humains. Selon le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), avec un réchauffement supérieur à 2°C, la fonte des calottes glaciaires du Groënland et de l'Antarctique de l'Ouest pourrait constituer un point de non-retour. Alors les trois jeunes, originaires de Pau et Bordeaux, ont voulu aller voir par eux-mêmes pour pouvoir témoigner.
Thibaut et Loris, plongeurs expérimentés, ont embarqué Maelys dans leur aventure. Le projet « Ananta », financé en partie par des partenaires privés, est rapidement créé (budget : 45.000 €). Son objectif : réaliser des expéditions aux quatre coins du monde afin d'attirer l'attention sur des enjeux écologiques et climatiques majeurs. Évidemment, chaque expédition a l'ambition d'avoir un impact neutre ou très faible sur le milieu parcouru. Premier projet : une expédition polaire en avril dernier à « The floe edge » au Nunavut (Canada), l'endroit où l'eau rencontre la glace du rivage au printemps. Là-bas, les températures ont augmenté de 2 à 3 degrés Celsius environ par rapport à la période préindustrielle contre 1 degré pour l’ensemble de la planète. Une étude publiée dans la revue Nature Climate Change soutient fortement l’hypothèse selon laquelle les étés en Arctique seront complètement dépourvus de glace d’ici 2035.
À « The floe edge » il est possible d'observer des groupes de narvals, de bélugas et de baleines boréales qui cheminent à travers les ouvertures des glaciers. Comme les oiseaux et les mammifères ne peuvent pas respirer sous l'eau, ils se rassemblent au bord de la banquise. Les phoques et les morses montent sur la glace pour se reposer ou se cacher des prédateurs marins. Cela en fait aussi un endroit idéal pour trouver notamment des ours polaires. En hiver, la température moyenne oscille aux alentours des -30°C et la température de l'eau est de -1,7°C. L’endroit idéal pour observer l’inexorable fonte de la banquise. « On voulait attirer l’attention, rapporter des photos et des vidéos de notre expédition pour pouvoir témoigner auprès des jeunes générations de l’impact de l’Homme sur le dérèglement climatique », raconte Thibault, 22 ans.
« C’était une expérience formidable de partir là-bas, de plonger dans cet univers parfois hostile où l’on croise, sous les eaux, une microfaune et une vie abyssale qui remonte de très loin. »
Une expérience incroyable pendant laquelle les trois jeunes aventuriers apprennent à gérer tous les efforts fournis par des températures extrêmes. Mais aussi l’occasion de faire belles rencontres comme l’accueil du peuple Inuit, qui s’est opposé, en 2021, à l’expansion d’une mine de fer sur son territoire.
« Aujourd’hui, les Inuits sont débordés par des déchets qu’ils n’ont jamais appris à trier. Résultat : des décharges monstrueuses à ciel ouvert se forment proche de leurs villages ». Enfin Thibaut, Loris et Maelys ont aussi appris à gérer leur vie quotidienne en milieu hostile. Comme se retrouver seuls sous une tente, pendant plusieurs jours, avec la peur de croiser un ours polaire.
Ce sont tous ces moments incroyables et belles rencontres que Thibaut, Loris et Maelys souhaitent évoquer aux jeunes des collèges de la région toulousaine, pour les sensibiliser. Prochaine expédition dans 2 ans.