Passez au péage et... gagnez de l’argent !

Pour lutter contre les embouteillages et limiter la pollution, la Métropole de Lille (Nord) s’inspire d’un dispositif des Pays-Bas et met en place un « écobonus » pour récompenser les automobilistes qui ne roulent pas pendant les heures de pointe ou qui empruntent les transports en commun.
Fidel Balbona

2023 M02 9

    • « Changer, ça rapporte » : c’est le nom du dispositif que met en place la Métropole de Lille pour inciter les automobilistes à changer leurs habitudes de circulation. Un programme qui rapporte de l’argent, et ça c’est une première en France ! Pour encourager les Lillois à utiliser un autre mode de déplacement que leur voiture lors des heures de pointe, à covoiturer ou à décaler leurs trajets, la Métropole va les payer ! Alors, comment ça marche ? Le programme consiste à récompenser ceux qui acceptent de ne pas utiliser leur voiture sur les autoroutes A1 et A23 entre 7h et 9h le matin et de 16h30 à 18h30 le soir alors qu’ils avaient l’habitude de les emprunter quotidiennement... et seuls.

    Le déploiement de cet « écobonus » sera progressif. Chaque trajet évité en voiture permettra de gagner 2€ dans la limite de 80€/mois qui seront versés directement sur le compte bancaire des participants. Mais pour les toucher il faudra utiliser les transports en commun tels que le train ou le bus, prendre son vélo, pratiquer le télétravail, le covoiturage, décaler ses horaires de travail, sans oublier les modalités dites « hybrides » en utilisant son véhicule pour aller à une gare ou se stationner dans un parking relais. Pas de modifications d’itinéraires possibles donc. Objectif : 750 véhicules en moins le matin, et autant le soir.

    Évidemment, ces changements de comportement seront surveillés. Les plaques d'immatriculation seront contrôlées par un système de caméra. Les automobilistes volontaires devront également apporter la preuve de leurs trajets « non réalisés » via une application smartphone. Un moyen également pour la Métropole de disposer d’un bilan. Ce type de péage positif a déjà été mis en œuvre avec succès par BNV Mobility à Rotterdam, aux Pays-Bas, pour désembouteiller la huitième ville la plus bouchonnée de la planète. Là-bas, depuis 2014, ne pas conduire pendant les heures de pointe rapporte trois euros pour chaque passage. Un habitant qui va au travail en dehors de ses plages horaires peut gagner jusqu'à 120€ par mois. Selon la ville batave, le système aurait déjà permis d'éviter le passage de 6 000 véhicules chaque jour, et 27% de réduction des heures perdue en l'espace de cinq ans.

    Les 4 étapes du projet lillois :

    Mars - mai 2023 : Campagne de pré-inscription des automobilistes volontaires.

    Mai - juin 2023 : Vérification de l’éligibilité des automobilistes en détectant leurs passages sur les axes autoroutiers concernés à travers la lecture automatisée des plaques d’immatriculation.

    Été 2023 : Enrôlement et confirmation de participation à 5 000 conducteurs estimés. Ils devront fournir des pièces complémentaires (CNI, RIB…) afin de valider leur inscription définitive et créer leur compte sur l’application dédiée.

    Septembre 2023 - juin 2024 : Déploiement opérationnel du programme pendant 9 mois. Tout trajet évité sera récompensé. Les automobilistes participants pourront déclarer leurs « effacements » sur l’application dédiée afin de débloquer le versement des récompenses.

    Le péage positif intéresserait la région Île-de-France, même si pour certains opposants il ne s’agit que d’un pansement sur une jambe de bois et qu’il faudrait aller beaucoup plus loin avec de vraies alternatives à la voiture, de meilleurs transports en commun et plus de pistes cyclables. Quoi qu’il en soit cet « écobonus » reste un levier de changement de nos (mauvaises) habitudes d’automobilistes « solistes ».

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