Avec les Ressourceries, on donne une seconde vie à ses encombrants

L’ONU a récemment dressé 17 objectifs de développement durable. Ambassadeur français de l’initiative, la mission Energy Observer met en lumière des solutions originales pour "sauver la planète". Cette semaine, on se penche sur le réseau des Ressourceries, ces ingénieuses structures écolos qui valorisent les déchets encombrants et les revendent.

D’après l’ami Wikipédia, "une ressourcerie est une structure qui gère la récupération, la valorisation et la revente de biens sur un territoire donné. Elle a également un rôle de sensibilisation et d'éducation à l’environnement". Tout est dit. Pourtant, quand on pense "déchets encombrants" ("déchets de ménage" étant l’appellation officielle), on a aussitôt tendance à les associer au concept de "recyclage", comme s'ils allaient se désintégrer par magie et redevenir poussière de meubles.

Malheureusement, seule une infime partie de nos meubles sont effectivement destinés à une seconde vie. Chaque année en France, 3,6 millions de tonnes de déchets hétéroclites échouent dans nos déchèteries, mais ils sont, contre toute attente, très difficiles à trier.

Alors que la filière recyclage peine à valoriser les gros objets, car ils doivent répondre à des critères très précis notamment en termes de taille, des solutions existent pour leur donner une nouvelle vie : assos de dons (recup.net, Oxfam…), mouvements de solidarité (Emmaüs, Secours populaire…), les désormais fameux sites de revente (leboncoin, Vinted…). Il y a surtout les recycleries, de vraies professionnelles de la récup’. Et plus récemment les Ressourceries, fortes d'un réseau national.

"Un centre de traitement alternatif"

À Montgeron, dans l’Essonne, La Fabrique à Neuf est une ressourcerie comme il en existe 150 dans le pays (elles emploient actuellement plus de 3000 salariés dans tout l’Hexagone). Si leur réseau existe depuis des années, il s’est fortement développé cette dernière décennie et entend devenir une étape primordiale dans la gestion et le traitement des déchets. "Plus le territoire français sera maillé, plus on sera vertueux", assure Cyril Henri, son fondateur, auprès des aventuriers de la mission Energy Observer, mandatés par l'ONU.

Ce dernier définit sa ressourcerie comme un "centre de traitement alternatif". Le principe est simple : on y collecte des déchets domestiques pour les réparer, les transformer et les revendre, sur le modèle de l’upcycling, un mélange de recyclage et de réemploi. Les objets sont ensuite vendus à un prix abordable, afin de bénéficier au plus grand nombre. Originalité du processus, les objets ainsi revalorisés peuvent entre-temps changer de fonction. Un tambour de lave-linge peut ainsi devenir un banc entre les doigts magiques des employés, un mannequin en plastique peut être transformé en lampe, une vieille porte en table basse…

"La quantité de déchets ainsi réemployée et revalorisée est passée de 10 000 tonnes en 2003 à 40 800 tonnes en 2016", explique Energy Observer. De quoi faire baisser la triste moyenne de 568 kilos de déchets que produit chaque citoyen français annuellement.

Les professionnels du secteur doivent s'impliquer

Dans l’optique de faire baisser les 26 kilos de déchets de meubles que produit un citoyen français par an (seuls 23% sont recyclés), même les professionnels du meuble s’impliquent à leur niveau. Éco-mobilier, un éco-organisme créé en décembre 2011 par des fabricants et distributeurs de meubles pour la collecte et le recyclage du mobilier usagé, visait à sa naissance un taux de recyclage de 45% et un taux de valorisation de 80%.

Avec la mise en application de la Loi anti-gaspillage et économie circulaire (AGEC), la filière meubles se prépare à mettre en place un identifiant unique, afficher plus clairement les consignes de tri et de traitement, gérer ses invendus ou reprendre sans frais. Toutes ces mentions et services seront en effet obligatoires à compter du 1er janvier 2022.

La prochaine fois que vous êtes à deux doigts de jeter vos vieux meubles en déchèterie sans vous soucier de l’avenir des matières premières les composant, pensez donc aux alternatives disponibles, ressourceries en tête. Même sans être un adepte des vide-greniers et autres brocantes, ces encombrants encore utilisables peuvent obtenir une seconde vie en un clin d’œil.

Premier ambassadeur français des Objectifs de Développement Durable de l’ONU, la mission Energy Observer sensibilise aux solutions innovantes avec son bien-nommé projet "Solutions". Mais Energy Observer, c’est avant tout le nom du premier navire autonome en énergie, à la fois plaidoyer et laboratoire de la transition écologique. Toutes les informations sur le projet sont à découvrir ici.

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