2021 M02 26
Organiser ses prochaines vacances, choisir sa destination, son hébergement, réserver ses activités... Pour beaucoup d’entre nous, c’est un passe-temps grisant qui nous fait tenir jusqu’à la prochaine escapade. Et presque aussi exaltant, bien souvent, que le séjour en lui-même. Mais c’est un plaisir réservé aux seuls valides. Car pour les personnes en situation de handicap, s’évader demeure malheureusement trop souvent un rêve hors de portée.
Plages inaccessibles, hôtels ou gîtes non équipés, transports difficiles d’accès, loisirs inadaptés... Partir en vacances relève trop souvent du parcours du combattant pour les non valides. C’est le triste constat établi par Chloé Coyac, qui a travaillé plusieurs années au sein d'associations proposant des séjours adaptés pour les handicapés.
« L’Eden des Pyrénées »
« Je me suis rendue compte que de nombreuses personnes en situation de handicap qui vivent dans des structures adaptées se voient proposer des séjours qui ressemblent en fait à leur vie quotidienne. On les change juste de lieu sans rien leur proposer de plus », analyse la trentenaire.
Lorsque l’association qui l’emploie met la clé sous la porte, elle décide donc de se lancer pour créer une société d’accompagnement et d’organisation de loisirs et de séjours pour personnes en situation de handicap.
La jeune femme qui vit à Estaing, un minuscule village des Hautes-Pyrénées, se focalise tout naturellement sur son propre territoire : le Val d’Azun, une vallée d’altitude de toute beauté surnommée « L’Eden des Pyrénées » et qu’elle souhaite rendre accessible aux handicapés.
« J’avais souvent beaucoup de mal à obtenir des réponses car ce que je voulais faire n’existait pas auparavant. »
Elle noue un partenariat avec Handigîte, une association déjà présente sur son territoire qui est spécialisée dans l’accueil de familles avec des enfants en situation de handicap. Elle persuade aussi des professionnels locaux d'aménager leurs logements ou d’adapter leurs activités de parapente, de rafting et de balnéo à des personnes en situation de handicap.
Bref, elle abat des montagnes pour créer sa société. «J’ai dû obtenir l’agrément tourisme, la licence pour transporter des personnes handicapées. L’activité que je crée est tellement spécifique que même si les collectivités voulaient m’aider, j’avais souvent beaucoup de mal à obtenir des réponses car ce que je voulais faire n’existait pas auparavant », se remémore Chloé.
De la galère au succès
Sa société Hand’Route voit finalement le jour à la fin de l’année 2019 et accueille ses premiers clients à l’été 2020, malgré la crise sanitaire. Elle propose à la fois des activités sportives, culturelles ou de détente à la journée, comprenant l'organisation avec les différents prestataires, le transport et l'accompagnement sur site, mais aussi des séjours clés en mains.
Après avoir défini en amont avec ses clients leurs envies, Chloé leur trouve des logements accessibles, des activités adaptées et encadrées et gère également les repas ou encore la continuité des soins. Une offre unique, qui répond à un vrai besoin.
«J’ai été dépassée par mon succès. L’été dernier j’ai travaillé deux mois sans prendre un seul jour de congés. Mon conjoint est venu m’épauler, nous avons acheté un deuxième véhicule pour le transport de nos clients handicapés et je prévois d’engager deux personnes pour l’été prochain, se réjouit Chloé. Et j’ai des demandes tout au long de l’année, ce n’est pas une activité saisonnière. »
Le week-end prochain, Chloé accueille un client paraplégique auquel elle a trouvé un gîte adapté et qu’elle accompagne dans une randonnée en motoneige et un baptême de parapente. Et comme ses précédents clients, il signera sans doute pour une nouvelle aventure. « Toutes les personnes qui ont fait appel à mes services sont ravies et heureuses parce qu’elles ont passé des moments merveilleux et elles réservent déjà leur prochain séjour, se félicite-t-elle. Mon idée était un peu folle à la base, mais j’espère qu’elle fera des petits et qu’on verra naître des Hand’route dans toute la France afin que les personnes en situation de handicap puissent elles aussi avoir de vraies vacances. »