

Des légumes bio à faire pousser sur les pelouses des entreprises
Cultures et Compagnies fait pousser des fermes agro-écologiques d’une espèce bien particulière. Cette jeune entreprise veut transformer en surfaces cultivables les espaces verts souvent inesthétiques des entreprises ou inutilisées des communes pour y installer de jeunes maraîchers sans terre. A la clé, de beaux légumes bio à vendre en direct sur place aux salariés ou aux riverains.
2021 M04 4
Claudio Muskus espère bien ouvrir sa première ferme agro-écologique dans les semaines à venir. Le patron de Cultures & compagnies a la ferme intention de voir un jeune agriculteur mettre son premier coup de bêche sur le terrain d'une grande entreprise des Yvelines.
Plus globalement, le business de Cultures et compagnies consiste à récupérer des surfaces inexploitées pour permettre à des maraîchers indépendants, sans le sou ni terrain, de se lancer. Le but : relocaliser notre alimentation. « La moitié de ce qu’on mange aujourd’hui est importée de l’étranger. Je veux que tous les français puissent manger des fruits et légumes sains et locaux. Il n’y a que des bénéfices à le faire : d’un point de vue gustatif, sanitaire, environnemental et social » s’enthousiasme son fondateur.
De grands groupes intéressés par les fermes agro-écologiques
Au démarrage, Claudio et son équipe ont démarché les 500 plus grosses boîtes françaises en leur demandant si elles avaient du foncier disponible et si une ferme agro-écologique pouvait entrer dans leur stratégie RSE : « On leur a montré que ça pouvait être un super outil de communication pour elles en termes de marque employeur si elles s’engageaient d’un point de vue écologique. C’est comme ça qu’on a commencé à développer des projets avec Veolia, Icade ou Engie sur des sites partout en France ».
Et bonne surprise, les maires se sont également emparés du sujet de la résilience alimentaire, la loi aidant. Au 1er janvier 2022, Il faudra en effet 20% bio et 50% de local dans les cantines scolaires. « L’année dernière, 90% des programmes des maires comportaient des axes écologiques avec des créations de fermes, de jardins partagés. En zone péri-urbaine, une commune a toujours du foncier libre ou bien elle peut s’en rendre propriétaire facilement. » poursuit le jeune patron.

« C’est un projet de vie pour un agriculteur, ce n’est pas juste un projet professionnel »
Cultures et Compagnies a d’ores et déjà une douzaine de clients très intéressés par le concept. « Quand les entreprises ou les communes sont séduites, on visite le site avec notre ingénieur agronome. Puis on fait des études de faisabilité. A l’issue cette phase, on remet à notre client un avant-projet avec les dessins des aménagements et l’investissement nécessaire. Leur accord obtenu, on lance alors un appel à candidature pour trouver le futur maraicher avec le bon montage » détaille Claudio.
Pour sélectionner le maraîcher idéal, la motivation et les compétences des prétendants sont passées au crible parce que c’est un projet de vie pour un agriculteur, ce n’est pas juste un projet professionnel. Les candidats sont des jeunes qui sortent d’études agricoles ou des néo-paysans, ces cadres en reconversion qui, après une prise de conscience changent radicalement de vie. « On permet aux futurs maraîchers de ne pas avoir à s’endetter pour s’équiper, ni d’avoir du foncier à acheter. On aide à revaloriser les produits et à montrer que les prix qui sont pratiqués sur la grande distribution sont des prix de dumping et ça ne peut pas continuer. Il faut accepter que, quand on mange un bon produit sain et local, il faut rémunérer la personne qui l’a cultivé de façon juste. C’est tout un projet de société au final tout ça. » revendique Claudio.

Des légumes ratatouille dans les paniers
Justement, le jeune patron veut recréer du lien entre les producteurs et les consommateurs. Alors, même si la majorité des projets vise à exploiter entre 2 et 4 hectares - ce qui est suffisant pour faire vivre de sa production un jeune agriculteur à plein temps - Cultures et Compagnies propose différents modèles de distribution ainsi que des animations et des ateliers pédagogiques autour de la ferme : « Avec les communes, on veut créer beaucoup plus d’amap, de points de vente sur les marchés, de magasins producteurs, de quoi alimenter les cantines scolaires pour les enfants. Dans les entreprises, on va proposer des ateliers de jardinage par exemple et on va demander aux salariés ce qu’ils aimeraient avoir dans leurs paniers ».
Le choix des produits se porte majoritairement vers les légumes ratatouille comme les courgettes, les aubergines ou les tomates et vers les fruits rouges, cueillables dès la première saison. Évidemment, ce sont des variétés adaptées au terroir avec des taux de germination rentables qui sont cultivés. Tout est étudié de sorte que le maraîcher ait une production qui lui permette de se dégager un revenu décent. « Un maraîcher gagne en moyenne 700€ par mois pour 55 heures de travail hebdomadaire et 70 heures en période de récoltes. C’est moins que le SMIC ! Avec notre modèle, il gagne 2 à 3 fois plus » promet Claudio.
Un patrimoine estimé à 61 Mds d’€
Le potentiel du foncier cultivable des entreprises sur l’ile de France est estimé par Cultures et Compagnies à plus de 10 000 hectares. Le patrimoine non bâti des collectivités locales serait estimé à 61 Mds d’€ sur l’ensemble de l’hexagone.
Sachant qu’un hectare de terre non bâti est valorisé à peu près à 5 000€ selon Claudio Muskus, on vous laisse calculer le nombre de tonnes de pommes de terre et de fraises qu’on pourrait faire pousser dans ses fermes agro-écologiques.