

Elle cueille ses repas dans les bois
Nos forêts recèlent de plantes nourricières méconnues qui sont une source d’abondance totalement ignorée. Et elles sont plus écologiques que n’importe quel potager ou exploitation puisqu’elles n’ont pas besoin d’être fertilisées ni irriguées. La « forêt comestible », c’est le crédo de Claire, qui se nourrit en grande partie de ce qu’elle cueille dans les bois et qui veut populariser ce mode d’alimentation durable.
2021 M01 27
Elle le revendique d’entrée de jeu. « Je ne suis ni une bobo-écolo ni une intégriste ». Claire Mauquié, effectivement, n’est pas une illuminée. Elle a juste adopté un mode de vie et d’alimentation qui peut sembler hallucinant à première vue, mais qui découle du bon sens dès lors que l’on prend le temps de l’écouter.
« Il y a six ans, j’ai décidé de reprendre mon alimentation en main, de manger plus d’aliments locaux et puis surtout d’intégrer des plantes qui sont là, disponibles, à portée de mains et qui ne demandent pas d’efforts pour être cultivées », raconte-t-elle. À cette époque, la jeune ingénieure aujourd’hui âgée de 31 ans, travaille pour une ONG à Taïwan, après des études en physique de l’atmosphère et en météorologie. C’est là qu’elle découvre le concept de forêts comestibles.

Des milliers de plantes comestibles ignorées
« Aujourd’hui dans notre alimentation classique quotidienne, on trouve environ une soixantaine d’espèces alimentaires végétales. Or il en existe plusieurs milliers qui poussent naturellement en climat tempéré. Et moi je cherche à profiter de cette diversité qui existe et à l’intégrer dans nos assiettes », explique-t-elle.
Totalement autodidacte, elle commence à se documenter sur des sites spécialisés ou en potassant des ouvrages et modifie peu à peu son alimentation. Aujourd’hui, Claire se nourrit en grande partie de ce qu’elle cueille dans les forêts, mais aussi dans les prés ou sur le bord des chemins.
« Aujourd’hui, je dépense environ 3 euros par jour pour me nourrir et venir compléter ce que j’ai trouvé moi-même lors de mes cueillettes. »
Vous reprendrez bien du steak de gland ?
Aller déjeuner chez elle, c’est la garantie de s’offrir un festin pour le moins original et carrément succulent. Une salade composée d’une quinzaine d’espèces de feuilles vertes sauvages différentes cueillies le matin même alors que le thermomètre flirte avec les moins cinq degrés, du pesto de plantin, des wraps d'orties et de fleurs d'acacia, du fromage de mousse fermentée de noix et des steaks de glands*. Le tout arrosé de vin de figue de barbarie ou de soda maison à base d’épluchures de kakis. On a testé, approuvé et surtout adoré !
« Aujourd’hui, je dépense environ 3 euros par jour pour me nourrir et venir compléter ce que j’ai trouvé moi-même lors de mes cueillettes. J’achète encore des céréales, de l’huile, de la farine et du chocolat bien-sûr, raconte cette grande gourmande. Je ne vise pas le 100 % cueillette sauvage. L’idée c’est d’intégrer dans chacun de ses repas des aliments issus de la cueillette, en fonction de ce que l’on peut trouver près de chez soi, de faire le plein d’économies et d’ajouter une incroyable diversité dans son assiette. »
*NDLR : les glands sont comestibles, mais il faut d'abord prendre soin de lessiver les tannins (excepté pour certains chênes à glands doux comme le Quercus macrocarpa et Quercus ilex Ballota)