Elle invente un mini-kit de nettoyage de serviettes hygiéniques pour les réfugiées

Pour lutter contre la précarité menstruelle dont sont victimes les femmes réfugiées, une étudiante en design industriel a inventé un petit kit pour laver facilement ses serviettes hygiéniques et en finir avec la stigmatisation liée aux règles.
  • Les femmes représentent près de la moitié des 244 millions de migrants et la moitié des 19,6 millions de réfugiés à l’échelle mondiale, selon l'ONU. En s'intéressant à leurs conditions de vie dans le camp de Lesbos, en Grèce, Cheuk Laam Wong a repéré les facteurs causants une importante précarité menstruelle : l'eau pour laver les serviettes est en quantité limitée ; les machines à laver dans le camp ne sont pas toujours disponibles ; les tampons ou coupes menstruelles distribués par les ONG sont souvent refusés, car ils contreviennent à certains interdits religieux ; de nombreuses femmes n'osent pas faire sécher leurs serviettes hygiéniques dans leur tente quand elles viennent de régions du monde où les règles sont tabous.

    Et comme le rappelle l'étudiante en design industriel à Dezeen, la protection hygiénique demeure une variable d'ajustement dans le budget des réfugiées :

    « Près de 60 % des femmes réfugiées souffrent de pauvreté menstruelle, car elles dépensent le peu d’argent qu’elles ont d’abord en nourriture ou en couches pour leur bébé. »

    Pour mettre fin à cette injustice, Cheuk Laam Wong a inventé la Looop Can, un astucieux système pour nettoyer facilement et discrètement des serviettes hygiéniques réutilisables. Le kit se compose d'une boite de conserve vide faisant office de bac et d'un mécanisme permettant d'actionner manuellement une hélice qui lave. L'hélice sert aussi à conserver jusqu'à 70 grammes de bicarbonate de soude en guise de lessive.

    Une fois la serviette placée dans la boîte de conserve, il suffit d'ajouter le bicarbonate et seulement un demi-litre d'eau, d'effectuer quelques tours d'hélice pour mélanger le tout et d'attendre une trentaine de minutes. Encore trois tours d'hélice, et voilà la serviette lavée.

    Discrétion = solution

    Les serviettes réutilisables livrées avec le kit sont eco-friendly, car constituées de tissus de bambou en plus de la membrane imperméabilisante en polyuréthane. Elles sont surtout rectangulaires afin de ne pas accentuer la stigmatisation des femmes, explique Cheuk Laam Wong :

    « Lorsque la serviette est suspendue pour être séchée, on ne croirait pas qu’elle sert à l’usage des menstruations. De plus, elle n’a besoin que d’une demi-journée pour sécher en intérieur. »

    De même, le kit a été désigné pour rester discret et que les femmes n’aient pas un sentiment de gêne en l’utilisant. Les camps de réfugiés sont marqués par l’insécurité, aussi la Looop Can diminue le risque d’agressions envers les femmes, précise son inventrice :

    « Les utilisatrices n'ont plus à parcourir de longues distances la nuit pour aller aux toilettes. Elles peuvent se changer, laver leur serviette et la faire sécher dans leur propre abri. Puis jeter l'eau souillée à l'extérieur de leur tente. »

    3,5 euros pour 5 années de lavage

    La Looop Can a une durée de vie d’environ 5 ans : soit le temps moyen qu'une personne réfugiée passe dans un camp avant d'obtenir une régularisation. Quand la boîte de conserve commence à s’abîmer ou rouiller, on la remplace par une autre boîte, puisque le kit s’adapte facilement.

    Cheuk Laam Wong estime le coût de fabrication de son kit à 3,5 euros, serviette incluse. Elle espère maintenant qu'une ONG s'empare de son invention pour la diffuser massivement auprès des femmes réfugiées.

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