2021 M09 3
En France, on n’a pas de pétrole, mais on a des idées…Ce slogan publicitaire imaginé par l’Agence française pour les économies d’énergie en 1974 est toujours d’actualité près de 50 ans plus tard. Face à la pénurie annoncée des ressources fossiles, il est urgent de trouver des solutions efficaces et durables pour réduire notre consommation en énergie et pour répondre à nos futurs besoins, tout en s’efforçant de limiter les émissions de gaz à effet de serre et autres polluants.
Aujourd’hui encore, plus de 80% des énergies de transport sont issues du pétrole. On le sait peu mais le rail, dont on vante les mérites en termes d’empreinte carbone par rapport à l’avion et à la voiture, est loin d’être un élève modèle. En France, l'électrification des lignes qui a débuté dans les années 1960 n'est toujours pas achevée. En 2020, seulement 60% du réseau français est électrifié, principalement sur les lignes à grande vitesse. Sur le réseau secondaire, de nombreux trains roulent encore au gasoil. D’où la nécessité de trouver des technologies de rupture.
Deux expérimentations en cours
C’est le sens de la démarche « Planeter » initiée par la SNCF, qui vise à réduire les émissions de CO2 des TER et plus globalement à diminuer l’empreinte environnementale des activités du groupe. Entre avril et juin 2021, elle a lancé en collaboration avec la Région Normandie une phase d’expérimentation pour alimenter la flotte des trains de passagers de la ligne Paris-Granville, avec du biocarburant B100. Le projet B100 fait partie des innovations en cours de développement visant à sortir du parc l’ensemble des trains roulant au diesel en proposant des solutions alternatives.
Une autre expérimentation a été lancée par le groupe Avril, leader français en matière d’huiles et de protéines végétales. De juillet à septembre, les locomotives des trains de marchandises des lignes Nogent-sur-Seine — Dunkerque et Nogent-sur-Seine — Sotteville-lès-Rouen, exploitées par l’entreprise de fRet ferroviaire Europorte, seront, elles aussi, alimentées par de l’Oleo100, un carburant de type B100 entièrement issu du colza.
Le B100 pour rouler plus vert
Le B100 est un biocarburant d’origine 100 % végétale obtenu à partir de la transformation d’huile de colza. Il offre une autonomie proche du gazole et ne peut être utilisé que par les professionnels du transport ayant leurs propres dispositifs de stockage et de distribution. Le biocarburant B100 rend possible la transition énergétique sans modification significative de la motorisation des trains roulant au gazole et des rames.
Les premiers tests sur banc d’essai réalisés en 2019 s’étaient révélés prometteurs en termes de compatibilité avec les moteurs équipant les rames déjà en service. Ils ont aussi démontré des performances environnementales significatives avec une réduction des émissions de polluants en plus de la diminution de 60% des émissions de gaz à effet de serre du « champ au rail » (de la production de colza jusqu’à son utilisation par le train).
C’est la société Bolloré Energy qui a remporté l’appel d’offres lancé par SNCF Voyageurs pour tester ce carburant alternatif durable. Dans le cadre de ce nouveau contrat, Bolloré Energy a fourni à la SNCF du biocarburant B100 produit en France par son partenaire Valtris Champlor, qui cultive et transforme le colza en France. Ce carburant, à l’essai dans le domaine pétrolier, est déjà proposé par Bolloré Energy à d’autres acteurs du transport, et en particulier aux sociétés de transport de marchandises.
« Le train est déjà la solution de mobilité durable par excellence, et nous voulons aller plus loin pour améliorer encore notre empreinte environnementale. »
Sortir du gazole
L’objectif de ces deux tests est de remplacer une partie du Gasoil Non Routier (GNR) des locomotives thermiques qui sont aujourd’hui encore en service sur les tronçons non électrifiés. « Cette première expérimentation en situation réelle en France est une nouvelle étape dans notre ambition écologique de sortir définitivement du diesel. Le train est déjà la solution de mobilité durable par excellence, et nous voulons aller plus loin pour améliorer encore notre empreinte environnementale grâce à des innovations comme le biocarburant B100 », se félicite Christophe Fanichet, président-directeur général de SNCF voyageurs.