

Les agrafes de vos vieux soutiens-gorges peuvent sauver la vie des tortues
Chaque année des centaines de milliers de tortues sont blessées à cause de la pêche. Pour les sauver, le vétérinaire d’une association américaine de protection animale a mis au point une solution aussi simple que géniale. Il utilise les agrafes de vieux soutiens-gorges pour consolider les carapaces brisées des tortues. Et ça marche !
2021 M04 16
Elles peuplent nos océans depuis plus de 150 millions d’années. Elles ont côtoyé les dinosaures et surmonté toutes les crises climatologiques. Mais aujourd’hui, six des sept espèces vivantes de tortues marines sont considérées comme menacées ou gravement menacées. Chaque année, des centaines de milliers d’entre elles meurent noyées dans les filets ou les chaluts car elles ne peuvent plus remonter à la surface pour respirer. Des centaines de milliers d’autres sont blessées par ces mêmes filets, des hameçons ou des hélices de bateau.
Une cohabitation difficile
La cohabitation entre ces animaux préhistoriques et des humains de plus en plus envahissants fait des ravages. Comme l’a constaté l’association américaine de protection animalière Carolina Waterfowl Rescue. Chaque année, dans l’un de ses refuges situé sur la plage de Charleston, en Caroline du Nord, elle recueille des centaines de tortues marines qui se sont échouées après avoir été blessées.
« Nous avons longtemps cherché une solution pour réparer les carapaces de la manière la plus efficace et la plus rapide possible. »
« Les blessures les plus fréquentes se situent sur les carapaces, raconte Ellen, l’une des soigneuses du refuge. Elles sont souvent fendues en de multiples endroits et nous avons longtemps cherché une solution pour les réparer de la manière la plus efficace et la plus rapide possible. Nous utilisions un espèce de plâtre artisanal que nous avions mis au point mais cela n’était pas toujours suffisant ou efficace. »

C’est Barry, l’un des vétérinaires qui officie bénévolement pour l’association, qui a trouvé le remède miracle. « Il a eu l’idée de coller des agrafes de soutien-gorge sur chacune des fractures de la carapace sur lesquelles il avait apposé du plâtre et de relier ainsi les parties abîmées grâce à du fil de fer pour que celles-ci se ressoudent naturellement, poursuit Ellen. Cela faisait longtemps qu’il cherchait à trouver des agrafes dans lesquelles il pourrait passer le fil de fer et c’est en voyant sa femme trier des vieux soutiens-gorges qu’il a eu cette idée. »
Après des tests sur une dizaine de tortues marines, les résultats sont spectaculaires. « La cicatrisation était bien plus rapide que d’habitude, se félicite Ellen. En quatre à huit semaines, selon les espèces de tortues et la gravité de leurs blessures, la carapace était complètement cicatrisée et nous pouvions alors les remettre à l’eau. »
Noyés sous les vieux "soutifs"
Forte de cette nouvelle technique chirurgicale pour le moins insolite, l’association Carolina Waterfowl Rescue lance alors un appel sur les réseaux sociaux pour demander aux femmes de la région de leur envoyer leurs soutiens-gorge qu’elles n’utilisent plus. Le buzz est immédiat, les vieux « soutifs » affluent et les médias américains s’emparent du sujet.
« On a vite été débordés par le nombre de vieux soutiens-gorges reçus, s’amuse Ellen. On avait cent fois plus d’agrafes que de carapaces à suturer. Mais grâce aux reportages qu’on a eu dans plusieurs médias américains, nous avons été contactés par d’autres associations américaines de protection animale à qui nous avons pu envoyer nos surplus d’agrafes ! »
La technique insolite s'exporte dans le monde entier
Deux ans après la mise au point de cette technique, Carolina Waterfowl Rescue a déjà sauvé près de deux mille tortues marines. « Nous avons aujourd’hui plusieurs centaines de refuges animaliers à travers le monde qui appliquent notre méthode. Nous avons réalisé pour eux des « tutos » vidéo pour qu’ils puissent reproduire les gestes de notre vétérinaire et ça fonctionne vraiment bien. Et dire que tout ça a commencé grâce aux vieux soutiens-gorges de notre vétérinaire », conclut Ellen dans un grand éclat de rire. Combiner recyclage et protection animale, what else ?