Lutter contre l’inflation dans un village c’est possible !

D’après l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), l’inflation (prévision de 6,8% pour 2022) devrait continuer à grimper pendant l’été alors que les prix ont augmenté de 5,2% en mai, un niveau inédit depuis 1985. L’Insee explique également que la situation aurait pu être « pire », soulignant que chez nos voisins allemands et espagnols, l’augmentation des prix à la consommation est supérieure à 8%. L’Insee explique enfin que cette augmentation est liée à la guerre en Ukraine mais aussi aux conséquences de la pandémie et notamment à la stratégie « zéro Covid » de la Chine, qui a conduit à des confinements très stricts, avec des impacts sur l'économie mondiale.

Tous les gouvernements tentent de lutter contre cette inflation galopante, avec plus ou moins de succès, mais parfois les plus petites initiatives sont les plus efficaces. Exemple à Francheville, à 20 km de Dijon. L’idée est née en 2018, lorsque Anaïs Bornier, professeure des écoles, Justina Leblanc, restauratrice et Frédérique Rousselet, artisan commerçante, ont voulu mettre en place un système de troc de légumes dans leur village. Cette première idée ne fonctionne pas mais les trois amies ne se démoralisent pas et créent avec Eric le Quéré le premier « drive de village » de produits locaux sur l’idée très répandue des paniers de fruits & légumes en circuits-courts, qui cette fois cartonne et attire une clientèle très fidèle.

Aujourd’hui, le choix de produits de Croc Ton Troc s’est élargi aux yaourts, glaces ou à la bière fabriqués par des producteurs du coin, dans un rayon de 20 km autour de Francheville. Un choix de 450 produits pour un panier moyen de 80€. Non seulement c’est moins cher qu’en grande surface, mais en plus l’inflation ne touche pas ces produits. Contrairement au reste du monde, les prix n’ont pas bougé depuis 1 an. Explication : pas de transport et les producteurs, qui vendent leurs stocks, répercutent leur coûts de production de 2021 !

Ici, une dizaine de bénévoles proposent régulièrement les produits de 22 producteurs locaux sur un site dédié à la centaine d’adhérents de l’association. Le processus est bien rodé : un listing des produits est proposé le vendredi pour une commande jusqu’au dimanche soir puis l’envoi des commandes aux producteurs s’effectue le lundi avec une livraison et une distribution le vendredi suivant. Au final, tous les quinze jours une trentaine de commandes sont passées, pour un chiffre d’affaire annuel de 40 à 50.000 euros par an (sans marge évidement pour l’association). Avec des prix qui sont identiques depuis 1 an... C’est assez rare pour être signalé... et pour être médité !