manifestation pour l'environnement

Non, nos petits gestes en matière d’écologie ne servent pas à rien

C'est vrai qu'on en a marre, parfois, de trier ses déchets et de pisser sous la douche quand on voit de grandes entreprises polluer sans vergogne. Pourtant, tous ensemble, nos petits gestes pourraient réduire les émissions de gaz à effet de serre de 25%. Ça n'est quand même pas rien.
  • De nombreuses études d’opinion font état de la préoccupation des Françaises et des Français pour l’environnement. Nous sommes 90% à nous y déclarer sensibles ou très sensibles. Un sujet qui se matérialise notamment dans la poursuite de ce qu’on appelle - à tort - les petits gestes écologiques : trier ses déchets, faire son compost, acheter des produits de seconde main, participer à des ateliers DIY, faire ses courses en vrac, dans des magasins bio, acheter local, manger moins de viande, se renseigner sur les fruits et les légumes de saison…. 

    Les plus engagés vont même plus loin : souscrire à des associations, lire les rapports du Giec (ou au moins les synthèses), participer à des marches pour le climat, réaliser des fresques du climat et ainsi de suite. Mais, tout ça, mis bout à bout, finit souvent par en décourager plus d’un. Pourquoi ? Parce qu’à côté, on apprend que des compagnies aériennes font voler leurs avions à vide, que la prochaine coupe du monde de football va se jouer dans des stades entièrement climatisés ou encore que les investissements dans les énergies fossiles ont augmenté depuis les Accords de Paris. 

    De quoi mettre à mal notre fibre écolo ; de quoi faire dire à certains “tant pis, ça ne sert à rien de changer” ; de quoi mettre la pression sur d’autres qui, face à cela, se sentent désemparés, inutiles et éco-anxieux. Et pourtant, loin d’être anodins, nos petits gestes ont une vraie utilité et un vrai rôle pour faire avancer la cause environnementale. 

    vélo en ville

    Des actions comme privilégier les mobilités douces ont beaucoup d'impact sur notre empreinte carbone.

    Tous les petits gestes n’ont pas la même importance

    En premier lieu, une chose est certaine : tous les petits gestes n’ont pas la même importance. Par rapport à notre empreinte carbone, le plus important consiste donc à connaître et à comprendre les chantiers prioritaires. Il y a des outils très bien pour cela, comme l’outil MyCO2 proposé récemment par le cabinet Carbone4, où encore le fait de participer à des fresques du climat. 

    Mais, plus concrètement, sachez que les postes les plus émetteurs de gaz à effet de serre, ce sont les transports, l’alimentation et le chauffage, puis des postes de dépenses comme l’achat de vêtements et de matériel électrique et électroniques : acheter de seconde main, acheter des produits reconditionnés, faire réparer ses appareils qui fonctionnent mal, bannir l’avion et manger moins de viande, privilégier le train et le vélo à la voiture. Ce sont ces révolutions-là qui permettent de réduire davantage notre empreinte carbone.

    L’action de passer d’un régime carné à un régime végétarien réduit à elle seule de 10% l’empreinte carbone d’un Français. Et mis bout à bout, ces changements de comportements permettent de réduire de 25% nos émissions de gaz à effet de serre. Pour rester en dessous d'un réchauffement à +1,5°C, 25%, ça compte. 

    vente en vrac

    Le zéro déchet et la vente en vrac permettent de réduire la pollution liée au plastique.

    Nos comportements sont des boosters du changement

    25% ça n’est donc pas rien. Et ça pourrait même être encore davantage, car, "si l'on prend en compte l'ensemble des actions individuelles, y compris les investissements plus conséquents, comme un changement de voiture par exemple, la baisse des émissions est plutôt de l'ordre de 45% en moyenne" précise ainsi César Dugast, un chercheur spécialisé sur ces sujets. 

    Au-delà d’être significatifs, nos éco-gestes ont aussi un effet de bord qui est trop souvent sous-estimé : ils encouragent les autres à changer. Et par les autres, on entend aussi par là qu’ils encouragent les entreprises à partager la responsabilité de l'action climatique. 

    En quelques années, par exemple, on a vu de nombreuses marques de l’agroalimentaire proposer des alternatives et des plats végétariens à leurs clients. De la même manière, la plupart des restaurants proposent désormais des menus sans viande. De très nombreuses entreprises favorisent aussi le covoiturage et le vélo ou mettent en place des actions pour mieux trier leurs déchets. 

    Et petit à petit, les petits gestes individuels changent d’échelle et touchent davantage de monde. Et petit à petit, en continuant d’y croire, nos petits gestes auront toujours plus d’influence sur les décideurs. Voilà pourquoi, aussi "petits" qu'ils puissent paraître, nos éco-gestes ne servent pas à rien. 

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